Le 26 novembre, le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu a indiqué que Paris était «prêt à parler» de l'autonomie de la Guadeloupe, département touché par une violente crise. Il a également annoncé la création de 1 000 emplois aidés destinés aux jeunes.
Certains élus ont posé la question en creux de l'autonomie
Sébastien Lecornu a déclaré dans une allocution télévisée aux Guadeloupéens que «certains élus» avaient «posé la question en creux de l'autonomie» lors des réunions de ces derniers jours visant à résoudre cette crise née d'un refus de l'obligation vaccinale avant d'embrasser des revendications sociales. Dans cette allocution de 16 minutes, Sébastien Lecornu affirme n'avoir «aucun tabou».
«D'après eux, la Guadeloupe pourrait mieux se gérer d'elle-même. Ils souhaitent moins d'égalité avec l'Hexagone, plus de liberté de décision par les décideurs locaux. Le gouvernement est prêt à en parler, il n'y a pas de mauvais débats du moment que ces débats servent à résoudre les vrais problèmes du quotidien des Guadeloupéens», a poursuivi le ministre.
1 000 emplois aidés pour lutter contre un taux de chômage de 35% chez les jeunes
Sébastien Lecornu a également annoncé le financement de «1 000 emplois aidés pour les jeunes», avec «un accompagnement spécifique et une formation, dans le secteur non marchand, pour soutenir les collectivités ou les associations sociales, sportives, environnementales du territoire». En Guadeloupe, 34,5% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté national, avec un fort taux de chômage (19%), notamment chez les jeunes (35% en 2020 contre une moyenne nationale de 20%).
Pour tenter d'apaiser les esprits et mettre fin aux violences, le gouvernement avait auparavant indiqué qu'il repoussait au 31 décembre la mise en œuvre de l'obligation vaccinale des soignants et pompiers en Guadeloupe comme en Martinique, où la contestation a fait tache d'huile.
Les suspensions levées en échange d'un accompagnement individuel
Sébastien Lecornu et le ministre de la Santé Olivier Véran ont aussi annoncé la levée des suspensions pour les personnels qui accepteront un accompagnement individuel. Par contre, ceux qui le refuseront «poursuivront leur suspension», ajoute le texte.
Pour Sormain Sandrou, secrétaire général adjoint de l'UTS-UGTG du CHU de Pointe-à-Pitre présent sur le piquet de grève devant l'établissement, cette annonce «ne change rien». Le syndicaliste s'est expliqué en ces termes auprès de l'AFP : «Nous ne sommes pas satisfaits de cette décision. Nous demandons le retrait de l'obligation vaccinale car notre liberté de choisir est bafouée, et du pass sanitaire qui empêche tout le monde de vivre.»
«J'ai l'impression qu'on ne s'entend pas, qu'on ne se comprend pas [...] On veut une dérogation pour que cette loi ne soit pas appliquée chez nous ! Et pas que chez les pompiers !», a pour sa part clamé Jocelyn Zou, représentant du syndicat Force ouvrière chez les pompiers, à l'antenne de la radio RCI.
Un couvre-feu dans les deux îles «jusqu'au retour au calme»
Par ailleurs, le préfet de Guadeloupe a décidé la prorogation du couvre-feu de 18h à 5h, jusqu'au lundi 29 novembre 2021 à 5h. Le 25 novembre, le préfet de Martinique a quant à lui instauré un couvre-feu de 19h à 5h «jusqu'au retour au calme».
Ce qui avait commencé il y a quelques jours dans ces deux îles avec des blocages et des piquets de grève a vite dérapé en violences contre les forces de l'ordre, incendies et pillages.
Dans la nuit du 25 au 26 novembre, policiers et journalistes ont été ciblés par des tirs en Martinique, où les violences ont fait dix blessés parmi les forces de l'ordre, dont cinq par balles. «Dans la nuit, un gradé de la gendarmerie qui intervenait avec ses collègues sur un cambriolage a été violemment heurté par le véhicule des pilleurs. Il est grièvement blessé et est opéré ce jour», avait expliqué le parquet de Fort-de-France.
Une dizaine d'interpellations ont eu lieu en Martinique dans la nuit du 25 au 26 novembre, selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a de son côté déclaré qu'il y avait eu près de 150 interpellations depuis le début de la crise en Guadeloupe et en Martinique
Le procureur de Pointe-à-Pitre Patrick Desjardins a indiqué le 26 novembre dans un communiqué que les premiers résultats d'une enquête diligentée après la blessure d'un jeune homme le 24 novembre à proximité d'un barrage montrent que la blessure «ne provient en aucun cas d'un tir par arme à feu mais plus vraisemblablement de l'impact d'un morceau de grenade lacrymogène tiré par les forces de gendarmerie dans le cadre de l'opération de maintien de l'ordre».