La situation s'est envenimée le 24 novembre en Martinique, au soir du troisième jour de grève générale, avec la multiplication de barrages sur les principaux axes routiers de l'île, secouée comme sa voisine la Guadeloupe par une contestation de l'obligation vaccinale anti-Covid, qui tourne à la violence dans certains quartiers.
Au Robert, un supermarché a été incendié, ont indiqué à l'AFP les pompiers, qui précisent désormais n'intervenir qu'en présence des forces de l'ordre, après avoir essuyé plusieurs tirs de projectiles lors de leur mission.
Les autorités de Martinique ont ouvert le 24 novembre la porte au dialogue avec l'intersyndicale qui a lancé les blocages le 22 novembre sur l'île et envisage de durcir le ton.
Eric Bellemare, secrétaire général de Force ouvrière Martinique a, dans l'après-midi du 24 novembre à l'occasion d'un point presse, expliqué avoir «reçu une invitation à une rencontre», à la préfecture le 25 novembre à 10h (15h, heure de Paris), «avec le préfet et le président du conseil exécutif» de la Collectivité territoriale de Martinique, Serge Letchimy. Une invitation arrivée alors que les membres de l'intersyndicale menaçaient «de prendre d'autres dispositions [face au] mépris affiché par la préfecture», avait lancé le représentant syndical.
Les leaders des 17 organisations syndicales, qui ont lancé un appel à la mobilisation en Martinique depuis le 22 novembre, devaient se tourner vers leurs bases respectives pour décider des actions à venir. Les syndicats ont tout de même prévenu qu'ils ne comptaient pas baisser la garde. «Si jusqu'à présent l'Etat a fait de petits pas, c'est grâce au rapport de force», a observé Gabriel Jean-Marie, secrétaire général de la CGTM. Les barrages pourraient donc persister.
La préfecture de Martinique avait déjà signalé «des évènements très violents [...] dans l'agglomération de Fort-de-France» dans la nuit du 23 au 24 novembre. «Sept policiers et cinq gendarmes ont été légèrement blessés mais ils n'ont pas été hospitalisés», selon la même source.
Une centaine d'interpellations en Guadeloupe
«Cinq personnes ont été interpellées et se trouvent toujours en garde à vue pour tentatives d'homicide et violences aggravées sur personnes dépositaires de l'autorité publique, dégradations par incendie, port et détention d'armes, participation à des attroupements armés. Ils ont tous été déjà condamnés», a-t-elle ajouté.
Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu a assuré qu'en Guadeloupe, «la réponse pénale est en cours : pratiquement une centaine d'interpellations au moment où je vous parle». Il réunira le 25 novembre en visioconférence «l'ensemble des élus de la Guadeloupe» pour aborder les mesures sanitaires mais aussi de la question de la jeunesse «qui se retrouve sur les barrages».
Pour calmer la situation, le Premier ministre Jean Castex avait notamment annoncé le 22 novembre la création d'une «instance de dialogue», afin de «convaincre et d'accompagner individuellement, humainement», les professionnels concernés par l'obligation vaccinale. Le ministre de la Santé Olivier Véran a également «décidé de mettre en place une structure qui va permettre de trouver une solution à chacune des 1 400 personnes suspendues parce qu'elle ne sont pas en conformité avec cette obligation vaccinale», a expliqué Sébastien Lecornu.