Crack à Paris : un riverain affirme avoir créé une «milice» pour lutter contre l'insécurité
Un riverain du square de la Villette a affirmé en direct au micro de Jean-Marc Morandini avoir monté une «milice» dans son quartier pour faire face à une insécurité grandissante engendrée par les consommateurs de crack.
Interrogé le 8 octobre par Jean-Marc Morandini dans Face à la rue (CNews), un résident du quartier de la porte de la Villette à Paris a affirmé avoir créé une «milice» en réaction à l'insécurité grandissante dans le quartier. «Depuis le 24 septembre, on n'en peut plus. Mes voisins sont submergés par les attaques, les agressions, les violences au quotidien. Nos véhicules sont détruits», a-t-il relaté.
Et de poursuivre : «On a créé une milice avec des rondes de nuit, des rondes de jour. On place nos effectifs, et on fait des rondes au quotidien [...] On est une milice de trois, quatre personnes. On est armé, mais pas avec des armes à feu. Un moment donné, on prend les toxicomanes, on les plaque. [...] Si une patrouille de police passe, on interpelle les policiers.»
La formation de la milice fait suite à l'arrivée de centaines d'accros au crack dans le quartier. Le 24 septembre, les toxicomanes du quartier des jardins d'Eole (Paris XVIIIe), haut lieu de consommation de crack à Paris, avaient été évacués et transportés en car vers le square de la Villette (Paris XIXe), sur instruction du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. La cohabitation avec les «crackeux», comme les appellent les habitants du quartier, est particulièrement difficile. Ces derniers se plaignent des incivilités et violences occasionnées par les consommateurs de crack.
L'ensemble du nord-est parisien est affecté
Dans la foulée du déplacement des toxicomanes, un double mur en parpaings, baptisé «mur de la honte» par les habitants de Pantin (Seine-Saint-Denis), a été érigé pour bloquer un tunnel permettant le passage entre Paris et le département de la Seine-Saint-Denis, et ainsi empêcher les fumeurs de crack de remonter vers la capitale.
Cette décision a ulcéré les riverains de Pantin qui considèrent que le mur ne les protège pas du problème du crack, et symbolise la ségrégation de la banlieue. Les riverains fustigent également l'échec de la mairie de Paris à réprimer ce problème de drogue qui ravage le nord-est de Paris depuis trois décennies – et la décision de le déplacer dans une banlieue pauvre qui doit faire face à d'autres propres problèmes.
Estimant ne pas être entendus dans ce dossier, les maires de Pantin et Aubervilliers avaient décidé, le 21 octobre, de lancer conjointement cette procédure d'urgence contre l'arrêté du 24 septembre émanant du préfet de police de Paris. Les élus de Pantin et Aubervilliers constatent que malgré le mur construit et le site choisi (à Paris), les toxicomanes errent désormais dans le quartier des Quatre-Chemins, à cheval entre les deux communes de Seine-Saint-Denis. Malgré des manifestations hebdomadaires de riverains et des tensions, aucune solution n'a été trouvée.
Le 28 octobre, le tribunal administratif de Paris a décidé de rejeter la demande des deux maires. La problématique posée par la consommation de crack soulève des enjeux sécuritaires évoqués de façon croissante dans le nord de la capitale.