Explosion du budget communication du gouvernement : l'effet de «la crise sanitaire», selon Matignon
Le Service d'information du gouvernement a dépensé 28 millions d'euros en 2020, le double du budget initialement prévu pour la communication des ministères. Pour 2021, l'enveloppe prévue a déjà été intégralement utilisée au 1er octobre.
Si le budget du gouvernement a continué de flamber en 2020 et 2021, ce serait à cause de la pandémie de Covid-19. C'est du moins l'argument brandi par l'exécutif. Relayé par La Lettre A le 2 novembre, un rapport de la députée LR Marie-Christine Dalloz a souligné une explosion des frais du service d'information du gouvernement (SIG), en charge de la communication de l'exécutif et rattaché à Matignon.
28,6 millions d’euros ont été dépensés en 2020, près du double de l'enveloppe prévue (14,2 millions d’euros). Et les crédits pour 2021 ont déjà été intégralement utilisés au 1er octobre, ce qui a poussé la secrétaire de la commission des finances de l'Assemblée nationale à anticiper un surplus de dépenses cette année de... 30 millions d'euros.
Auprès du Point, Matignon a assumé cette inflation sans fin, se réfugiant derrière la nécessité de financer des campagnes de communication et les commandes de sondages dans le cadre de la pandémie de Covid-19. «Cette rallonge exceptionnelle pour cette année est due à la crise sanitaire et à la relance économique. On a voulu marteler le message sur la vaccination et je pense que personne ne pourra en contester la nécessité», ont expliqué les services du Premier ministre à l'hebdomadaire.
Une inflation constante du budget du SIG depuis 2017
Or si la crise sanitaire a bon dos pour expliquer l'explosion du budget communication des ministères, ce n'est pas la première fois depuis le début de la présidence d'Emmanuel Macron que les dépenses en la matière sont pointées du doigt. L'Obs avait révélé en juin qu'à plusieurs périodes critiques du quinquennat Macron – réforme de la SNCF, crise des Gilets jaunes, réforme des retraites –, des sondages avaient été commandés en série. Pour un coût annuel qui n'a cessé de croître depuis 2017. Cette année-là, où s'opère la transition à l'Elysée entre François Hollande et l'actuel chef de l'Etat, le SIG avait dépensé 1,4 million d'euros pour des enquêtes d'opinion. En 2018, ce chiffre atteignait 1,9 million d'euros.
Même courbe ascendante pour 2020 et 2021. Le rapport de Marie-Christine Dalloz dévoilé le 2 novembre fait état de plus de 4,7 millions d'euros pour la commande de 73 sondages en deux ans : 42 études en 2020 pour 2,6 millions d’euros, 31 commandes entre janvier et septembre pour 2,1 millions d’euros. «On a dû piloter avec des indicateurs, dont celui de l'acceptabilité des mesures sanitaires», a précisé Matignon au Point, concédant néanmoins que les dépenses «pur Covid» ne s'élevaient qu'à... 470 000 euros.
Plusieurs présidents d'instituts de sondages qui travaillent avec le SIG avaient d'ailleurs souligné auprès de L'Obs que sous la précédente mandature présidentielle, «il a été fait un usage limité des enquêtes d'opinion», mais que depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron, ils ont «le sentiment que c'est bien reparti». Indépendamment du Covid, donc ?