Affaire Bygmalion : condamné à un an de prison ferme, Nicolas Sarkozy va faire appel
La présidente de la onzième chambre correctionnelle a déclaré coupable Nicolas Sarkozy dans l'affaire du financement illégal de sa campagne de 2012. L'ancien président, qui va faire appel, est condamné à un an de prison ferme avec une peine aménagée.
L'ancien chef de l'Etat Nicolas Sarkozy a été déclaré coupable ce 30 septembre à Paris de financement illégal de sa campagne de 2012, dans l'affaire Bygmalion. Il va néanmoins faire appel de la décision. La présidente de onzième chambre correctionnelle Caroline Viguier a ensuite prononcé la peine d'un an de prison ferme contre l'ancien président de la République. Sa peine sera aménagée sous le régime de la surveillance électronique – une mesure à laquelle l'ancien président se disait, en 2015, opposé «pour les peines supérieures à six mois».
Avec cette peine, le tribunal va plus loin que les réquisitions du procureur. Un an de prison dont 6 mois ferme avait été requis à l'encontre de l'ancien président de la République. Les autres coprévenus sont condamnées eux à des peines de 2 à 3 ans et demi de prison ferme.
Jérôme Lavrilleux, directeur de cabinet de Jean-François Copé alors patron de l'UMP et directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy, est ainsi condamné à 3 ans de prison, dont 2 ans ferme. Sa peine sera également aménagée.
Nicolas Sarkozy était absent du prononcé de la décision. En mars, il était devenu le premier ancien président de la Ve République à être condamné à de la prison ferme – trois ans dont un ferme –, pour corruption et trafic d'influence, dans l'affaire dite «des écoutes». Une décision dont il a fait appel.
Réagissant ce même jour, l'ancien chef de l'Etat a promis d'aller «jusqu'au bout» et dénoncé une «injustice». «Je demande simplement que le droit soit appliqué pour moi comme pour n’importe quel autre justiciable», or «celui-ci a été une nouvelle fois bafoué», affirme Nicolas Sarkozy, en soulignant «la certitude de la justesse de ce combat» qui lui donne «l’énergie» de «surmonter les épreuves et de résister aux vaines tentatives d’humiliation».
Des accusations toujours démenties par Nicolas Sarkozy
Pendant la campagne pour sa réélection à la tête de l'Etat en 2012, Nicolas Sarkozy a été un «candidat désinvolte», demandant «un meeting par jour», des «shows à l'américaine» et a laissé filer les dépenses sans s'en préoccuper, avait soutenu le parquet dans son réquisitoire à deux voix.
Contrairement à ses 13 coprévenus (anciens cadres de la campagne et de l'UMP – devenue Les Républicains – ainsi que de la société Bygmalion, qui a organisé les meetings) Nicolas Sarkozy n'est pas mis en cause pour le système de double facturation imaginé pour masquer l'explosion des dépenses de campagne autorisées. Il n'était jugé que pour «financement illégal de campagne».
Mais il a «incontestablement» bénéficié de la fraude, disposant de moyens bien supérieurs à ceux que la loi autorisait – au moins 42,8 millions au total, soit près du double du plafond légal à l'époque.
Elle est où la campagne qui s'emballe ? Elle est où la campagne en or massif ?
Nicolas Sarkozy avait lui tout nié en bloc. «Une fable !», s'était-il emporté à la barre. «Elle est où la campagne qui s'emballe ? Elle est où la campagne en or massif ?», avait-il aussi scandé, prenant tout le monde à partie. «Il y a eu des fausses factures et des conventions fictives, c'est avéré». Mais «l'argent n'a pas été dans ma campagne, sinon ça se serait vu», avait martelé l'ancien chef de l'Etat, estimant que Bygmalion – fondé par des très proches de Jean-François Copé – s'était «goinfré» sur sa campagne. Sa défense avait plaidé la relaxe. «Il n'a signé aucun devis, il n'a signé aucune facture, il a accepté toutes les restrictions qu'on lui a demandées. Il est loin d'être un candidat hystérique, insatiable», avait mis en avant son avocate Me Gesche Le Fur.
Contrairement à ses coprévenus présents tous les jours, Nicolas Sarkozy n'était venu à l'audience que pour son interrogatoire. Une façon de se placer «au-dessus de la mêlée» qui avait ulcéré le parquet. La «totale désinvolture» de celui qui «ne regrette visiblement rien» est «à l'image de la désinvolture dans sa campagne», avait lancé la procureur Vanessa Perrée. Révélé deux ans après la défaite de Nicolas Sarkozy, le scandale avait entraîné des déflagrations politiques en série à droite.