Prêtre assassiné en Vendée : «Aucun mobile lié à un motif terroriste» à ce stade de l'enquête

Prêtre assassiné en Vendée : «Aucun mobile lié à un motif terroriste» à ce stade de l'enquête© Sebastien SALOM-GOMIS Source: AFP
Des gendarmes français à Saint-Laurent-sur-Sèvre, dans l'ouest de la France, le 9 août 2021 (illustration).
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Emmanuel Abayisenga, qui s'est accusé d'avoir tué le prêtre Olivier Maire le 9 août, un an après avoir avoué l'incendie de la cathédrale de Nantes, est un Rwandais arrivé illégalement en France en 2012 et décrit comme instable psychologiquement.

Le profil du meurtrier présumé du prêtre vendéen Olivier Maire, qui s'est rendu de lui-même à la gendarmerie le 9 août, a poussé le vice-procureur de La Roche-sur-Yon Yannick Le Goater à expliquer devant la presse le soir même qu'«aucun mobile lié à un motif terroriste» n'avait été trouvé à ce stade de l'enquête. Auprès de l'AFP, une source proche du dossier a souligné que «le criminel était catholique, loin du terroriste islamiste».

Ce réfugié rwandais de 40 ans a d'ailleurs été interné d'office le 9 août au soir, après la levée de sa garde à vue pour «incompatibilité avec son état de santé», selon une source policière.

Les premiers éléments de l'enquête dressent pour l'instant le portrait d'un suspect instable psychologiquement, qui était en attente de son procès un an après avoir avoué l'incendie de la cathédrale de Nantes en août 2020. Emmanuel Abayisenga était sorti le 29 juillet d'une hospitalisation en psychiatrie après quasiment une année de détention provisoire, a déclaré aux journalistes Yannick Le Goater. 

Cette personne a fait l’objet de trois arrêtés de reconduite à la frontière

Dans la communauté des Fromentains de Saint-Laurent-sur-Sèvre en Vendée qui l'avait accueilli à sa sortie d'hôpital, certains ont décrit auprès de l'agence de presse le meurtrier présumé comme une personne discrète. «Emmanuel ne faisait rien de particulier. Il mangeait et participait à l'eucharistie. Il n'y avait pas de problème. Il ne parlait pas de la cathédrale. C’est Olivier [Maire, la victime] qui était le plus proche de lui, qui s'occupait de lui pour tout», a expliqué le père Jean-Baptiste Dombélé.

Revenu dans la communauté religieuse dix jours avant le drame

A la suite de ses aveux dans le cadre de l'enquête sur l'incendie à Nantes, le journal La Croix avait consacré un long format au parcours du réfugié, pour tenter de comprendre ses motivations. A propos de l'enfance d'Emmanuel Abayisenga au Rwanda, la journaliste auteur de l'article a déclaré à France Inter ce 10 août que son père avait été exécuté sommairement pour avoir participé au génocide des Tutsis et que son oncle purge une peine de prison à vie.

Né en 1981, Emmanuel Abayisenga, qui fait partie d'une fratrie de douze enfants, a «grandi dans cette extrême violence, il n'a que 13 ans à ce moment-là mais il évolue dans ce contexte extrêmement dégradé avec une famille impliquée du mauvais côté de l'Histoire génocidaire», explique-t-elle, précisant qu'il était ensuite entré dans la police rwandaise.

Arrivé en Loire-Atlantique en 2012, il n'a pas vraiment fréquenté la diaspora rwandaise, préférant participer à la vie de la communauté catholique nantaise, selon la journaliste du quotidien. Il a tenté à plusieurs reprises d'être reconnu comme réfugié politique, sans succès. «Cette personne a fait l’objet de trois arrêtés de reconduite à la frontière depuis son arrivée sur le territoire national illégalement en 2012», a expliqué le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin le 9 août au soir.

Sa troisième obligation de quitter le territoire français (OQTF), de novembre 2019, qui fait toujours l'objet d'un recours devant le tribunal administratif de Nantes, est non exécutable en raison de son contrôle judiciaire après sa mise en cause dans l'incendie de la cathédrale. Il avait avoué les faits et été mis en examen pour «destructions et dégradations par incendie», puis placé en détention provisoire le 20 juillet 2020. 

A la fin de sa détention provisoire le 31 mai, il avait été placé sous contrôle judiciaire, avec obligation de résidence au sein de la communauté religieuse vendéenne, selon le parquet de La Roche-Sur-Yon. Mais le 20 juin, la gendarmerie avait été sollicitée par le père Olivier Maire car le suspect «voulait quitter son hébergement». Il avait alors été hospitalisé en psychiatrie, avant de revenir dans la communauté une dizaine de jours en amont du drame.

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