Réformes des retraites et de l'assurance-chômage : Macron avance ses pions
Lors d'une allocution consacrée à la crise du Covid, le président a avancé la date du 1er octobre pour la réforme de l'assurance-chômage et a promis qu'il faudrait «partir à la retraite plus tard», sans pour autant avancer de calendrier.
Au cours de son allocution consacrée à la lutte contre la pandémie de Covid-19 ce 12 juillet, Emmanuel Macron a évoqué deux de ses projets controversés de réformes : celle des retraites et celle de l'assurance-chômage. Il a fixé un calendrier pour cette dernière, mais pas pour la première.
«Partir à la retraite plus tard» : promesse trahie ?
Le chef de l'Etat s'est engagé à mettre en œuvre la réforme des retraites, particulièrement décriée par la majorité des syndicats, «dès que les conditions sanitaires [seraient] réunies», mais pas «tant que l'épidémie ne sera pas sous contrôle et la reprise bien assurée».
«Nous vivons plus longtemps, il faudra donc travailler plus longtemps et partir à la retraite plus tard», a affirmé le chef de l'Etat, qui affirmait pourtant dans son programme en 2017 qu'il ne toucherait «pas à l'âge de départ à la retraite».
"Dans les 5 ans à venir, moi je ne propose pas de décaler l'âge de départ à la retraite" (2017)#ConferenceSociale#Retraites#Macronpic.twitter.com/3dX6IQlxpT
— Maxime Combes (@MaximCombes) July 6, 2021
En mars 2020, alors que la France allait connaître son premier confinement, il avait affirmé suspendre les principales réformes en cours, dont celle des retraites. Cette déclaration intervenait elle-même une dizaine de jours après un très impopulaire 49.3 mettant un terme à un débat parlementaire qu'avaient accompagné des semaines de manifestations et de grèves, une démission en catastrophe du «monsieur retraites» de l'exécutif Jean-Paul Delevoye sur fond de scandale et une «consultation citoyenne» qui n'a pas convaincu les opposants à ce projet de loi.
Projet de réforme emblématique du quinquennat Macron, au même titre que la suppression de l’impôt sur la fortune, la réforme des retraites prévoit un système unifié de retraite par points, avec un «âge pivot» pour inciter à travailler plus longtemps.
Même le Medef, pourtant favorable à un relèvement de l'âge de départ à 64 ans, a récemment mis en garde sur le risque que cette mesure entrave la relance à cause d'éventuels mouvements sociaux.
Réforme de l'assurance-chômage le 1er octobre
Evoquant un autre projet particulièrement décrié, le chef de l'Etat a promis que la réforme de l'assurance-chômage, dont certaines dispositions ont été suspendues par le Conseil d'Etat, serait «pleinement mise en œuvre dès le 1er octobre».
«On doit toujours bien mieux gagner sa vie en travaillant qu'en restant chez soi, ce qui n'est actuellement pas toujours le cas», a-t-il argumenté.
Le Conseil d’Etat avait été saisi en urgence par sept syndicats (CFDT, CGT, FO, UNSA, FSU, CFE-CGC et l’Union syndicale solidaire) sur le calendrier de cette réforme. Cette juridiction administrative avait précisé que les recours quant au «fond» seraient jugés «d’ici quelques mois».
Les 5 centrales syndicales associées aux négociations ont déjà exprimé dans un rare communiqué unitaire, daté du 23 février, leur «profond désaccord avec le principe fondateur de cette réforme selon laquelle la baisse des allocations chômage inciterait à un retour plus rapide à l’emploi». Tant pour la CGT que pour FO, la CFDT, la CFC-CGC et la CFTC, «cette réforme est d’abord l’occasion de faire d’importantes économies budgétaires aux seuls dépens des demandeurs d’emploi.»
Selon une évaluation de l'Unédic – l’organisme qui gère l’assurance-chômage – réalisée au printemps, jusqu’à 1,15 million de personnes ouvrant des droits dans l'année suivant le 1er juillet auraient touché une allocation mensuelle plus faible de 17% en moyenne, avec toutefois une «durée théorique d'indemnisation» allongée à 14 mois en moyenne contre 11 avant la réforme.