«Je vois la société se racialiser progressivement», s'inquiète Macron dans un entretien à Elle
- Avec AFP
«Les difficultés sociales ne sont pas uniquement structurées par le genre et par la couleur de peau, mais aussi par l'inégalité sociale», explique le président français dans une interview accordée à Elle, se déclarant être «du côté universaliste».
Dans une interview publiée ce 1er juillet par le magazine Elle, Emmanuel Macron s'alarme de voir «la société se racialiser progressivement», en estimant que «la logique intersectionnelle fracture tout» car elle «renvoie chacun à son identité».
«Je suis du côté universaliste. Je ne me reconnais pas dans un combat qui renvoie chacun à son identité ou son particularisme», ajoute le chef de l'Etat, en évoquant l'approche «intersectionnelle», qui dénonce le cumul des discriminations lorsque l'on fait partie de plusieurs minorités.
En décembre 2020, le chef de l'Etat affirmait pourtant dans une interview que le «privilège blanc» était «un fait» en France, expliquant qu'il était indéniable qu'être un homme blanc de moins de 50 ans était un privilège, tout en précisant que ce concept ne devait pas être un «facteur principal d'explication». Six mois plus tard, Emmanuel Macron s'opposait en revanche à une réouverture «apaisée et constructive [du] débat autour des statistiques ethniques» souhaitée par la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye.
Je pourrais vous présenter des jeunes hommes blancs qui s'appellent Kévin, habitent Amiens ou Saint-Quentin, et qui ont aussi d'immenses difficultés, pour des raisons différentes, à trouver un job
Dans son interview à Elle il estime que «les difficultés sociales ne sont pas uniquement structurées par le genre et par la couleur de peau, mais aussi par l'inégalité sociale». «Je pourrais vous présenter des jeunes hommes blancs qui s'appellent Kévin, habitent Amiens ou Saint-Quentin, et qui ont aussi d'immenses difficultés, pour des raisons différentes, à trouver un job», répond-il au témoignage de la réalisatrice Amandine Gay sur les difficultés d'être femme et noire.
Violences faites au femmes, avortement, endométriose... et «crop top»
Evoquant son bilan en matière de violences faites aux femmes, au lendemain du forum de l'ONU pour l'égalité femmes-hommes, Emmanuel Macron revendique des «avancées» mais reconnaît que les bracelets anti-rapprochements – mis en place depuis septembre 2020 contre les conjoints violents – sont encore trop peu utilisés. «C'est en train de monter progressivement, même si 145 bracelets posés, c’est trop peu», a précisé Emmanuel Macron.
Il exprime par ailleurs son opposition à un délai allant jusqu'à 16 semaines pour l'avortement, le jugeant en ce cas «traumatisant». «Je n'y suis pas favorable. Chaque année, 4 000 à 5 000 femmes vont à l'étranger pour pouvoir le faire, mais c'est avant tout le signe d'un échec de notre prise en charge», explique-t-il.
Le président de la République se dit également une nouvelle fois hostile, comme son ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, au «crop top» à l'école, ce vêtement qui laisse apparaître le nombril. «A l'école, je suis plutôt "tenue décente exigée", aussi bien pour les filles que pour les garçons. Tout ce qui vous renvoie à une identité, une volonté de choquer ou d'exister n'a pas sa place à l'école. On peut tenir compte de la part de fantaisie d'un ado et tenir bon sur certains principes.»
Emmanuel Macron annonce enfin une meilleure prise en charge de l'endométriose, maladie chronique liée aux règles qui atteint une femme sur dix, avec des mesures à la rentrée.