Paris : les futurs policiers municipaux manifestent à deux pas de l'Hôtel de ville

Paris : les futurs policiers municipaux manifestent à deux pas de l'Hôtel de ville
Les futurs policiers municipaux de Paris manifestent devant leur direction le 18 juin 2021 à Paris, à proximité de l'Hôtel de ville (Photo : Charles Baudry, RT France).
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La police municipale parisienne n'a pas encore officiellement vu le jour que les agents s'inquiètent déjà des conditions de travail que leur prépare la mairie socialiste avec des «rémunérations peanuts» et des «cycles horaires antisociaux».

Les agents de sécurité de la ville de Paris appelés à composer la police municipale parisienne manifestent leur colère ce 18 juin devant le siège de leur Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection (DPSP) (Paris IVe), niché entre l'Hôtel de ville et la mairie du IVe arrondissement.

Le serpent de mer de la création de la police municipale parisienne, qui avait échoué près du but législatif pour des raisons politiciennes, a finalement trouvé une résolution avec le vote des assemblées pour la loi de Sécurité globale. La police municipale parisienne, qui ne sera pas équipée d'armes létales, doit voir le jour en début d'année 2022.

Il s'agit à présent pour la ville de Paris de transformer l'essai en s'assurant que les agents de sécurité vont recevoir les formations adéquates, ainsi que des conditions de travail, notamment en termes de cycles horaires, qui leur donneront envie de s'engager, préviennent les syndicats. Et en la matière, il semblerait que la méthode Hidalgo bute sur quelques réalités sociales, qui rappellent les problématiques de la police nationale.

La vie de famille des agents menacée par un cycle horaire «antisocial»

C'est en effet ce qu'ont expliqué au micro du reporter de RT France Charles Baudry les futurs agents de police municipale, réunis en intersyndicale. Agent de sécurité de la ville et responsable Unsa de la section ISVP, Jacky Mahé a ainsi confié : «Cela fera trois ans en février que la mairie a annoncé la création de la police municipale mais c'est seulement maintenant qu'on ouvre les discussions sur les grilles de rémunération. Ils mettent la charrue avant les bœufs. Nos collègues partent déjà en formation sans même savoir ce qu'ils vont devenir.»

Et de préciser : «On nous a proposé il y a quelques jours de nouveaux cycles qui sont complétement antisociaux. Et ils seront appliqués uniquement à la Mairie de Paris. D'ailleurs, quand nous présentons ces cycles horaires dans les autres collectivités auprès de nos futurs collègues policiers municipaux, les collègues rigolent et nous disent que les cycles qui doivent être mis en place à la police municipale de Paris sont destructeurs pour la vie de famille des agents.»

L'agent de sécurité a aussi rappelé que Paris n'était pas la seule ville à se lancer dans la mise en place d'un tel dispositif : «Certains collègues sont là depuis 30 ans et on va nous demander de travailler les week-ends en plus, pour des rémunérations peanuts ? Certains d'entre eux sont formés pour travailler en brigade cynophile ou à moto et ils réfléchissent à proposer leurs compétences à d'autres collectivités. Il y a 1 500 postes vacants en Ile-de-France et 5 000 en France, aujourd'hui c'est un véritable mercato. La ville de Paris n'est pas attractive pour le moment.»

Pas d'armes létales : «Le jour où il y aura un drame, on reviendra et on lui demandera des explications»

Enfin Jacky Mahé est revenu sur le choix assumé d'Anne Hidalgo de ne pas équiper sa police municipale d'armes létales : «Madame le maire a choisi de ne pas armer sa police d'armes de poing, il y a des discussions à ce sujet, dont acte. Nous respectons son choix, mais le jour où il y aura un drame on reviendra et on lui demandera des explications. On nous fait comprendre qu'il s'agira surtout de gérer les incivilités, les nuisances sonores, mais le danger est partout !»

«Pourquoi pas une PM [police municipale]. Mais pas une PM à coût réduit !», a pour sa part synthétisé Laurent Bouju, secrétaire général adjoint d'Unsa Ville de Paris. «Il faut voir les horaires qu'ils vont nous proposer parce que cela peut avoir un vrai impact sur la vie personnelle des agents et ça, nous ne l'accepterons pas», a-t-il encore prévenu.

Charles Baudry et Antoine Boitel

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