Paris : Hidalgo demande de nouvelles salles de shoot et la nomination d'un «référent crack national»
La maire de Paris a réclamé dans une lettre au Premier ministre la mise en place de nouveaux «postes d'inhalation supervisée», ainsi que la nomination d'un «référent crack national» pour «remettre sur ses rails» le Plan crack lancé en 2019.
La grogne n'en finit dans le nord-est de Paris, où les riverains du quartier Stalingrad sont confrontés au regroupement depuis mi-mai de consommateurs de crack dans le jardin d'Eole. Pour que le parc soit rendu aux habitants d'ici fin juin, la maire PS de la capitale Anne Hidalgo a demandé dans un courrier adressé le 7 juin au Premier ministre Jean Castex «de nouveaux dispositifs de prise en charge adaptés aux problématiques de consommateurs de crack».
Autrement dit, de nouvelles salles de shoot, qu'Anne Hidalgo préfère appeler par leur nom officiel de «salles de consommation à moindre risque» (SCMR), comme elle l'a précisé sur France Inter ce 8 juin. Ces structures doivent voir le jour «sur plusieurs lieux éloignés des zones résidentielles denses et des espaces de vie», réclame l'édile parisienne.
.@Anne_Hidalgo : "N'utilisez pas ce terme de '#salle de #shoot', c'est ce qui fait prendre beaucoup de retard à notre pays" #drogue#Paris#crack#Barbès#le79Interpic.twitter.com/2wQ5xFcxe0
— France Inter (@franceinter) June 8, 2021
«Seul un réseau métropolitain de lieux d'accueil et de répit, ouverts de jour comme de nuit, et associés à des solutions d'hébergement avec accompagnement social et médical, est à même de répondre durablement à la détresse des usagers et des riverains», estime encore l'élue socialiste auprès du chef du gouvernement.
Un «référent crack national» pour «remettre sur ses rails» le Plan crack
Le ministère de la Santé avait officialisé le 4 juin son souhait d'autoriser durablement l'existence de ces salles de shoot, face au bilan «positif» des deux structures expérimentées dans le Xe arrondissement de Paris et à Strasbourg depuis 2016. Fin mai, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) avait recommandé «une mise à l'échelle nationale» des salles de shoot, dans une étude faisant le bilan des dispositifs français. Les toxicomanes auraient moins de risque de contracter l’hépatite C ou le VIH et fréquenteraient moins les urgences, selon le rapport de l'Inserm. Mais les riverains parisiens de la salle se plaignent régulièrement d'une hausse de la délinquance dans le quartier.
Le cadre dérogatoire qui permet aux salles strasbourgeoise et parisienne d'opérer prend fin en 2022 et une pérennisation nécessite de les inscrire dans la loi avant la fin du mandat présidentiel d'Emmanuel Macron. La création de nouvelles salles pourrait alors être autorisée au cas par cas par le ministère de la Santé, après concertation avec les élus locaux, les agences régionales de santé et les préfectures.
Ceci étant, si Anne Hidalgo a repris la journaliste Léa Salamé sur l'expression «salle de shoot», elle a également critiqué dans sa lettre à Jean Castex celle de «salle de consommation à moindre risque». Selon elle, le terme «a cristallisé des oppositions et suscite un fort rejet de la part de nombreux riverains, alors même que l'idée d'espaces permettant un usage encadré des produits stupéfiants, en dehors de la rue, et favorisant l'entrée dans un parcours de soin, peut faire consensus».
C'est la solution qui marche partout dans le monde
Au cours d'une réunion sur le sujet en présence d'élus d'arrondissement le 7 juin au matin, la maire de la capitale a défendu le principe des salles de shoot : «Il ne peut y avoir qu’une réponse sécuritaire. Il faut aussi une réponse en termes de santé publique. On sait que les injonctions, ça ne marche pas très bien. On a expérimenté une salle de consommation à moindres risques (SCMR) dans le Xe qui fonctionne. C'est la solution qui marche partout dans le monde», a-t-elle expliqué, citée par Le Parisien.
Candidate potentielle à l'élection présidentielle, elle a demandé l'ouverture à Paris et dans la métropole du Grand Paris «dès cet été, sans attendre les évolutions législatives, réglementaires et budgétaires», de lieux tels que des «postes d'inhalation supervisée, avec encadrement médical et infirmier». Anne Hidalgo souhaite aussi la nomination d'un «référent crack national» pour «remettre sur ses rails» le Plan crack lancé en 2019. Elle suggère le nom de Jean-François Carenco, ancien préfet de Paris et d'Ile-de-France et actuel président de la Commission de régulation de l'énergie.