Nice : une manifestation de policiers soupçonnée d'être organisée par la municipalité

Nice : une manifestation de policiers soupçonnée d'être organisée par la municipalité© Valéry HACHE
Christian Estrosi, maire de Nice (Alpes-Maritimes), le 11 juin 2020 (image d'illustration).
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En censurant plusieurs articles de la loi Sécurité globale, le Conseil constitutionnel a suscité de vives réactions chez les forces de l'ordre. La manifestation à Nice du 21 mai serait toutefois une manipulation de la mairie d'après un syndicat.

La mobilisation de plusieurs centaines de policiers municipaux à Nice devait être une protestation contre la décision du Conseil constitutionnel censurant notamment l'ex-article 24 du projet de loi Sécurité globale (devenu entre-temps l'article 52) qui prévoyait de sanctionner toute diffusion d'image «malveillante» des forces de l'ordre.

Les policiers étaient accompagnés de Christian Estrosi, maire de Nice, et de son premier adjoint sur la place Masséna lieu du rassemblement. Le premier magistrat de la cité a pris la parole pour dénoncer des «décisions d’injustice» selon des propos repris par le média actuNice. Une manifestation policière alors que la mairie de Nice venait par ailleurs d'investir 64 000 euros dans l'achat de trois drones et la formation d'une nouvelle brigade dédiée ; équipement dont l'usage prévu par les forces de l'ordre dans le projet de loi a également été censuré par les Sages.

Une manifestation rémunérée ?

Le président du Syndicat de défense des policiers municipaux (SDPM), Cédric Michel, a toutefois donné un autre son de cloche concernant l'origine de cette manifestation dans une vidéo diffusée sur Facebook. Selon lui, un appel à manifester de Christian Estrosi serait à l'origine de la mobilisation. Toujours d'après Cédric Michel, certains policiers municipaux se seraient vus promettre d'être «payés en heures supplémentaires pour aller manifester». 

Cédric Michel dénonce plus avant une «manipulation grossière de la mairie de Nice qui a organisé cette manifestation en laissant croire qu’elle était à l’initiative des policiers municipaux». Il tempère cependant en ajoutant que certains policiers avaient une démarche «en toute bonne foi» : la manifestation aurait été présentée aux policiers municipaux comme une défense de leur statut et non pas sur le projet de loi Sécurité globale.

Ces assertions ont été fermement démenties par Richard Gianotti, directeur de la police municipale de Nice, qui retourne l'accusation d'instrumentalisation au SDPM. Même son de cloche chez Christian Estrosi, qui déclare : «Ce sont eux qui dans leur grande émotion m’ont dit : "Monsieur le maire, nous avons décidé de nous donner rendez-vous sur la place Massena." Mon devoir en tant que premier magistrat, c’était d’être aux côtés de ces hommes et de ces femmes. Je n’allais pas rester calfeutré dans mon bureau et ne pas m’en mêler.», selon des propos repris par le quotidien régional Nice-matin.

L'instrumentalisation des policiers municipaux confirmée par un e-mail

Le magazine Marianne s'est cependant procuré un e-mail qui confirme la version du syndicat :«Monsieur Anthony Borré, 1er Adjoint délégué à la sécurité, Madame Véronique Borré DGA sécurité proximité, Monsieur Richard Gianotti  Directeur de la Police Municipale de Nice, remercient l’ensemble des  agents PM, ASVP et Administratifs, pour avoir répondu présents en nombre à l’appel de Monsieur le Maire,  pour la défense du statut et du volet social de la Police Municipale.»

A cela s'ajoute le fait qu'aucune organisation syndicale n'ait été associée à la manifestation, comme le relève Cédric Michel. Ce dernier décrit un sentiment de «trahison» chez les agents municipaux : «On n’a jamais vu cela. Et le fait qu’aucune organisation syndicale ne soit partie prenante dans cette affaire montre bien qu’il s’agit d’une grossière manipulation.» Il annonce que le SDPM se réserve le droit d'entamer des poursuites à l'encontre de la mairie.

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