Tensions entre Londres et Bruxelles autour des exportations d'AstraZeneca
- Avec AFP
Répondant à la menace formulée par la Commission européenne de bloquer les exportations du fabricant suédo-britannique AstraZeneca, le ministre de la Défense britannique, Ben Wallace, a prévenu que ce choix serait «contreproductif».
Ben Wallace, le ministre de la Défense britannique, a répondu ce 21 mars aux déclarations de la Commission européenne qui menace de bloquer les exportations des vaccins d'AstraZeneca si les pays membres de l'Union européenne (UE) n'étaient pas livrés en priorité. Pour lui, il serait «contreproductif» de bloquer ces exportations.
Soulignant la nature collaborative de la production de vaccins qui implique plusieurs pays dans le monde, Ben Wallace a prévenu que ce choix d'interdire les exportations «compromettrait non seulement les chances de leurs citoyens d'avoir un programme de vaccination approprié mais aussi de nombreux autres pays dans le monde et [cela] nuirait à la réputation de l'UE».
«L'UE sait que le reste du monde regarde la façon dont la Commission se comporte», a-t-il déclaré à la chaîne de télévision SkyNews, précisant que «si des contrats et des engagements sont rompus, ce serait très dommageable pour un bloc commercial qui se targue de [respecter] la loi».
Plus tard dans une interview accordée à la BBC, le ministre anglais a précisé qu'«essayer, en quelque sorte, de diviser ou d'ériger des murs ne ferait que nuire aux citoyens de l'UE et au Royaume-Uni».
«Respectez votre contrat avec l'Europe avant de commencer à livrer d'autres pays»
Le 20 mars, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait en effet menacé d'interdire les exportations prévues par AstraZeneca si elle ne recevait pas en priorité ses livraisons. «C'est le message que nous passons à AstraZeneca : respectez votre contrat avec l'Europe avant de commencer à livrer d'autres pays», avait-elle déclaré à des médias allemands.
La dirigeante européenne avait également rappelé que le contrat de l'UE avec AstraZeneca prévoyait la livraison de doses produites à la fois sur le territoire de l'UE et au Royaume-Uni. «Or, nous n'avons rien reçu des Britanniques, alors que nous les fournissons», avait-elle fait valoir, ajoutant que l'UE avait envoyé une «lettre formelle» au groupe pharmaceutique pour s'en plaindre.
Les relations entre l'UE et le laboratoire suédo-britannique se sont tendues ces dernières semaines à la suite d'importants retards de livraison annoncés par le fabricant. Le laboratoire doit livrer au deuxième trimestre 70 millions de doses de son vaccin anti-Covid à l'UE, beaucoup moins que les 180 millions promises dans le contrat. Au premier trimestre, l’UE devrait avoir reçu au total quelque 30 millions de doses d’AstraZeneca contre les 90 millions initialement prévues.