«Islamo-gauchisme» : pour Jean-Michel Blanquer c'est un «fait social indubitable»

«Islamo-gauchisme» : pour Jean-Michel Blanquer c'est un «fait social indubitable»© Ludovic MARIN Source: AFP
Frédérique Vidal et Jean-Michel Blanquer sont au diapason sur «l’islamo-gauchisme» (image d'illustration).
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Après que Frédérique Vidal a évoqué la «gangrène» de «l'islamo-gauchisme» dans le milieu universitaire, elle a reçu le soutien appuyé de Jean-Michel Blanquer. Mais 600 universitaires demandent la démission de la ministre de l'Education nationale.

Le monde politique est encore agité par les propos tenus par Frédérique Vidal le 14 février 2021, évoquant «la gangrène» de «l'islamo-gauchisme» dans les universités françaises et demandant au CNRS de mener une étude pour définir ce qui relève de la recherche et du militantisme. Peu soutenue dans la majorité macroniste, elle a malgré tout pu compter sur un allié de poids, Jean-Michel Blanquer. Invité sur BFM TV le 20 février, le ministre de l'Education nationale a ainsi déclaré qu'il serait «absurde de ne pas vouloir étudier un fait social», expliquant que s'il s'agissait d'une illusion, il était malgré tout nécessaire de l'étudier «et regarder si cela en est une». «Pour ma part, je le vois comme un fait social indubitable», a-t-il affirmé, estimant que «certains essayent toujours de minimiser ce projet politique».

Alors que le CNRS a jugé que le terme d'«islamo-gauchisme» ne correspondait «à aucune réalité scientifique», Jean-Michel Blanquer a concédé que cette notion n'avait «pas forcément un contenu scientifique», tout en rappelant qu'il s'agissait d'un «terme très global [qui] décri[vait] une réalité politique».

«C'est un phénomène qu'il faut regarder en face», a insisté le ministre, citant les exemples d'ateliers «non mixtes» organisés par le syndicat Sud Education 93 en 2017 et l'interruption d'une représentation du poète antique Eschyle par des «activistes» en 2019 à la Sorbonne. Pour illustrer ce «fait social indubitable», Jean-Michel Blanquer a pris exemple de l'attitude de Jean-Luc Mélenchon qui a participé à une manifestation contre l'islamophobie le 10 novembre 2019, «une manifestation du CCIF [...] où il y avait clairement des islamistes radicaux». «Quand M. Mélenchon fait cela, il tombe dans l'"islamo-gauchisme", sans aucun doute», a-t-il appuyé.

«Je veux bien après que des spécialistes de sciences politiques analysent cela ou trouvent d'autres mots pour décrire le phénomène», a-t-il ajouté.

Pour 600 universitaires, l'islamo-gauchisme appartient au «répertoire de l'extrême droite»

A rebours de la prise de position du ministre de l'Education nationale, plus de 600 membres de l'enseignement supérieur ont demandé le 19 février la démission de leur ministre de tutelle, Frédérique Vidal, dans une tribune publiée dans Le Monde. Ils lui reprochent de «faire planer la menace d'une répression intellectuelle» sous couvert d'enquête sur «l'islamo-gauchisme».

«Comme dans la Hongrie d’Orban, le Brésil de Bolsonaro ou la Pologne de Duda, les études postcoloniales et décoloniales, les travaux portant sur les discriminations raciales, les études de genre et l’intersectionnalité sont précisément ciblés», considèrent les signataires de la tribune (enseignants, chercheurs…) qui estiment que Frédérique Vidal est «indigne» de les représenter.

Les signataires, parmi lesquels figurent l'économiste Thomas Piketty et la sociologue Dominique Méda, ont souligné que la loi de programmation de la recherche, portée par la ministre et adoptée le 20 novembre dernier, ainsi que le manque de moyens accordés à l'université sont les principales raisons «qui entravent [leur] travail».

«Nous ne pouvons que déplorer l’indigence de Frédérique Vidal, ânonnant le répertoire de l’extrême droite sur un "islamo-gauchisme" imaginaire, déjà invoqué en octobre 2020 par le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer», ont insisté les signataires.

Les propos du 14 février sur CNews de Frédérique Vidal au sujet de l'«islamo-gauchisme» qui, selon elle, «gangrène la société dans son ensemble, et l'université n'est pas imperméable», n'ont ainsi pas fini de faire réagir. D'autant plus que Frédérique Vidal avait enfoncé le clou en confirmant à l'Assemblée nationale, le 16 février, avoir demandé au CNRS «un bilan de l'ensemble des recherches» qui se déroulent en France, notamment dans la thématique du «postcolonialisme». 

Au sein même de la majorité, plusieurs voix l'ont appelée à revoir ses priorités. Hormis Aurore Bergé, rares sont les députés macronistes à l'avoir soutenue. Frédérique Vidal a notamment été recadrée par le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, via le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal : «La priorité pour le gouvernement, c'est évidemment la situation des étudiants dans la crise sanitaire, c'est évidemment la possibilité d'apporter un soutien financier aux étudiants en difficulté, c'est évidemment de permettre aux étudiants qui le souhaitent de pouvoir revenir progressivement en présentiel à l'université», avait-il rappelé lors d'un point presse le 17 février. 

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