Selon l’inspection académique, Samuel Paty aurait eu «une appréciation inexacte de la laïcité»
Plus d'un mois après l'attentat qui a coûté la vie à Samuel Paty, Le Point révèle des courriels rédigés par le rectorat au professeur dans lesquels l'inspection académique aurait évoqué «une appréciation inexacte de la laïcité et de la neutralité».
Le professeur d'histoire-géographie Samuel Paty a été sauvagement décapité, le 16 octobre 2020, à la sortie du collège du Bois-d'Aulne, dans la commune de Conflans-Sainte-Honorine. Un meurtre commis quelques jours seulement après la diffusion de son nom sur les réseaux sociaux après que certains parents d'élèves lui aient reproché d'avoir montré en classe des caricatures de Mahomet dans un cours d'éducation civique sur la liberté d'expression.
Cet attentat semble avoir été précédé par une période pour le moins confuse, lors de laquelle le rectorat se serait montré particulièrement sévère à l'endroit de Samuel Paty.
En effet, comme le révèle Le Point ce 20 novembre, simultanément aux plaintes et insultes formulées à son encontre par un parent d'élève, l'académie de Versailles aurait pour sa part regretté de prétendus manquements de la part du professeur d'histoire-géographie.
Cet entretien portera notamment sur les règles de laïcité et de neutralité que ne semble pas maîtriser M. Paty
Le magazine cite notamment un courriel envoyé le 8 octobre à la principale du collège par «un référent laïcité», inspecteur de vie scolaire de l'académie de Versailles, au regard du cours d'éducation civique à l'origine de la polémique.
«Bonjour, Madame la Principale [...] je vous confirme ma présence [...] pour recevoir M. Paty [...]. Cet entretien portera notamment sur les règles de laïcité et de neutralité que ne semble pas maîtriser M. Paty», peut-on notamment lire dans le document cité par Le Point. Un peu plus loin dans son mail, le référent laïcité aurait également estimé que le professeur d'histoire-géo faisait preuve d'«une appréciation inexacte de la laïcité et de la neutralité».
M. Paty a reconnu avoir fait une erreur
Toujours selon Le Point, le même référent laïcité a rendu compte de l'entretien dans un courriel adressé le 9 octobre à sa hiérarchie. L'inspecteur de vie scolaire y aurait notamment écrit que «M. Paty a reconnu avoir fait une erreur», évoquant encore «un manquement [...] non-intentionnel» de la part de l'enseignant.
À chaque instant, tant sur le plan pédagogique que sur le plan personnel de la protection de Samuel Paty, l'institution scolaire a été à ses côtés
En réaction à ces révélations, le rectorat a rédigé une longue réponse au Point, soulignant notamment que le professeur avait lui-même reconnu «une erreur humaine». «L'institution scolaire a été, à chaque instant, en soutien à Samuel Paty», assure par ailleurs le rectorat, insistant sur les conseils prodigués à l'enseignant ainsi que sur l'accompagnement qu'il a pu avoir dans le cadre de ses procédures de plainte. L'institution affirme aussi avoir effectué pas moins de trois signalements auprès de la police au vu des menaces dont faisait l'objet le professeur. «À chaque instant, tant sur le plan pédagogique que sur le plan personnel de la protection de Samuel Paty, l'institution scolaire a été à ses côtés», explique encore le rectorat cité par Le Point.