Invité le 26 octobre à France Inter, le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a refusé d'apporter son soutien à Emmanuel Macron, cible depuis plusieurs mois d'attaques personnelles souvent violentes du président turc Recep Tayyip Erdogan.
Si ce dernier a appelé le 26 octobre les Turcs à boycotter les produits français sur fond de dispute avec Paris au sujet du traitement des musulmans de France, avant d'accuser le chef de l'Etat français d'avoir un «problème» avec l'islam, et allant même jusqu'à lui prescrire des «examens de santé mentale», Jean-Luc Mélenchon a estimé de son côté que le président français avait «totalement perdu le contrôle de la situation».
«Je l'ai fait à plusieurs reprises, de le soutenir, je ne le ferai plus», déclare Mélenchon
Interrogé sur son soutien à Emmanuel Macron dans cette affaire, le député Insoumis des Bouches-du-Rhône a répondu : «Je l'ai fait à plusieurs reprises, de le soutenir, je ne le ferai plus parce que le mieux que je puisse faire, c'est de me taire.»
«Quand nous avons été bombardés en Syrie, quand nous avons été menacés en Libye, on lui a dit sur tous les tons qu'il était temps de poser le problème de savoir pourquoi nous sommes alliés dans l'OTAN avec quelqu'un qui nous bombarde ou qui nous menace, il n'a rien fait et il n'a rien prévu», a-t-il ensuite critiqué.
Jean-Luc Mélenchon avait notamment interpellé le Premier ministre Edouard Philippe à l'Assemblée nationale le 15 octobre 2019 après l'opération menée en Syrie par la Turquie pour y combattre les Kurdes.
«Hier soir [le 25 octobre], le président, pour des raisons qu'aucun d'entre nous n'arrive à comprendre, s'est répandu en une série de tweets [...], il a totalement perdu le contrôle de la situation», a également dénoncé le chef de file des Insoumis.
Le président de la République, au lieu de venir maintenant mendier des soutiens, ferait bien de réfléchir à quelle va être sa stratégie : la France est abaissée, humiliée et ridiculisée, qu'est-ce qu'il compte faire, à part des tweets ?
Et d'accuser : «Je suppose qu'il ne veut pas de mon appui puisqu'il a donné l'ordre que l'on nous charge comme islamistes de gauche ou je ne sais pas quoi, islamo-gauchistes.»
«Le président de la République, au lieu de venir maintenant mendier des soutiens, ferait bien de réfléchir à quelle va être sa stratégie : la France est abaissée, humiliée et ridiculisée, que compte-t-il faire à part des tweets ?», a-t-il demandé.
Jean-Luc Mélenchon s'en est également pris au ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer qui l'avait attaqué le 25 octobre sur son supposé «islamo-gauchisme» dans le Journal du Dimanche (JDD). Il l'a accusé d'être «un ennemi de l'Education nationale publique» et de «favoriser des organisations d'écoles confessionnelles».
Et d'ajouter : «L'Education nationale doit soutenir les profs au lieu de les tenir en laisse et de vouloir les suspecter tout le temps de ne pas faire leur boulot.»
De gauche à droite, de nombreux soutiens au chef de l'Etat français
Cependant, contrairement au chef de file des Insoumis, de nombreuses personnalités politiques du Parti communiste (PCF) au Rassemblement national (RN) ont décidé d'invoquer l'unité nationale face à ce nouvel affront du président turc.
Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a déclaré sur Twitter : «Le président Erdogan insulte la France et nos valeurs héritées de la Révolution française. Nous ne nous laisserons intimider par personne. Et encore moins par ceux qui bafouent, chez eux, les règles élémentaires de la démocratie et de la liberté d'expression.»
«[Recep Tayyip Erdogan] est dans une confusion des valeurs et des sentiments. Ses basses invectives n'impressionnent personne !», a assuré de son côté le député socialiste des Landes Boris Vallaud sur Sud Radio.
A droite, le député européen Républicain (LR) François-Xavier Bellamy a appelé à «soutenir le chef de l'Etat» dans un article du Figaro : «Il ne s'agit pas tant d'un soutien politique que d'un refus absolu de ce chantage d'Erdogan.»
Face à ce sultan islamiste, ce n'est pas Emmanuel Macron que j'approuve, mais le président de la République. Parce que c'est la France qui est attaquée
Sur France 3, le président du groupe LR de l'Assemblée nationale Damien Abad a quant à lui estimé que le rôle des dirigeants politiques était «bien de différencier l'intégriste du musulman» et que, «de fait, Erdogan fait un amalgame volontaire pour encourager l'islamisme».
«Evidemment, face à cette attaque directe de Monsieur Erdogan, je défends le président de la République française», a également déclaré la présidente du RN Marine Le Pen le 25 octobre lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.
«Face à ce sultan islamiste, ce n'est pas Emmanuel Macron que j'approuve, mais le président de la République. Parce que c'est la France qui est attaquée», a fait savoir le 26 octobre le vice-président du RN Jordan Bardella.