«Tu vas payer !» : en plein procès, le bras droit du tueur de l’Hyper Cacher menace une enquêtrice
- Avec AFP
Une procédure pénale va être ouverte contre le principal accusé dans le procès des attentats de janvier 2015, Ali Riza Polat. Celui-ci a menacé une enquêtrice venue témoigner en lui disant qu'elle allait «payer».
Le 16 octobre 2020, se tenait devant la cour d'assises spéciale de Paris l’audience de l'un des principaux mis en cause dans les attentats de janvier 2015, Ali Riza Polat. Agé de 35 ans et soupçonné d'avoir servi de «bras droit» au tueur de l'Hyper Cacher, Amédy Coulibaly, il est poursuivi pour «complicité de crimes terroristes» et encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Des menaces ont été proférées par lui au moment où le témoin, une policière de la Sous-direction anti-terroriste (Sdat), abordait la question de sa radicalisation religieuse.
«Tu vas le payer !», a alors lancé l'accusé, menaçant la policière depuis son box vitré. Ali Riza Polat, qui avait auparavant mimé un coup de poing en direction de l'enquêtrice, avait été rappelé à l'ordre à plusieurs reprises en raison d'interventions intempestives pendant le témoignage de la fonctionnaire de police.
Ouverture d’une procédure pour menaces sur personne dépositaire de l'autorité publique
La menace proférée par Ali Riza Polat a provoqué un tollé chez les avocats des parties civiles, qui ont demandé au président que ses propos soient consignés. L'avocat général Jean-Michel Bourlès a pour sa part annoncé l'ouverture d'une procédure à l'encontre de l’accusé, laissant éclater son indignation en ces termes : «C’est scandaleux, il y a des limites à ne pas dépasser […] Vous savez ce que je vais faire ? Je vais ouvrir une procédure pour menaces sur personne dépositaire de l'autorité publique. Vous serez renvoyé devant le tribunal correctionnel pour répondre de cela.»
Elle peut mentir sur moi, mais pas sur ma famille […] Mon beau-frère, il va venir
L'avocate d'Ali Riza Polat, M. Isabelle Coutant-Peyre, a reconnu un comportement «inapproprié», mais a appelé la cour à relativiser l’incident : «Les réactions de mon client sont celles de quelqu'un qui se considère comme injustement accusé. Il perd parfois le contrôle de lui-même», a dit l'avocate, précisant que son client était sorti de ses gonds en raison de déclarations relatives à son comportement vis-à-vis de sa mère.
A la barre, l'enquêtrice a assuré qu'Ali Riza Polat «partageait les convictions religieuses de son ami Amédy Coulibaly», relatant le contenu d'une conversation entre la mère de l'accusé et l'une de ses amies, captée lors d'une écoute téléphonique. Dans cette conversation, la mère d’Ali Riza Polat explique à son interlocutrice avoir été insultée par son fils, qui l'aurait qualifiée de «mécréante» et de «perverse».
Ce n'est pas un défaut de langage, monsieur, vous savez bien ce que vous faites et ce que vous dites
Des propos contestés par l'accusé, originaire comme Amédy Coulibaly d'une cité de Grigny (Essonne). «Elle peut mentir sur moi, mais pas sur ma famille […] Mon beau-frère, il va venir», a lancé l'accusé, coutumier des coups de sang depuis le début du procès.
A la reprise de l'audience dans l'après-midi du 16 octobre, Ali Riza Polat a présenté ses excuses à la cour, tout en niant avoir «menacé» la policière. Des excuses qui n’ont pas convaincu le président Régis de Jorna : «Ce n'est pas un défaut de langage, monsieur, vous savez bien ce que vous faites et ce que vous dites» a-t-il conclu, tout en prévenant Ali Riza Polat qu’il serait expulsé de l’audience s’il réitérait des menaces «à l'encontre de cette enquêt[rice] ou de toute autre personne».