Les avocats français rendent hommage à l'avocate turque Ebru Timtik, décédée en prison

Les avocats français rendent hommage à l'avocate turque Ebru Timtik, décédée en prison© Zeynep KURAY Source: AFP
L'avocate turque Ebru Timtik.
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Dans une dizaine de villes françaises, avocats et bâtonniers se sont réunis afin de rendre hommage à Ebru Timtik et s'indigner de la mort de cette avocate turque, ignorée par la justice de son pays et décédée le 27 août après une grève de la faim.

Angers, Pontoise, Nantes, Le Havre, Limoges, Vannes, Paris, Grenoble, Narbonne : des avocats et membres du barreau de nombreuses villes de France se sont réunis le 7 septembre sur le parvis ou les marches de leur Palais de justice respectif afin de rendre hommage à Ebru Timtik, l’avocate turque décédée le 27 août dans un hôpital d’Istanbul au terme de 238 jours de grève de la faim.

Les avocats limougeauds se sont rassemblés sur les marches de la cour d’appel pour ne pas oublier leur consœur, morte à 42 ans «dans le silence le plus total des autorités gouvernementales, françaises, européennes et mondiales», a dénoncé le bâtonnier Frédéric Olivé. Il s’est dit consterné de voir qu’une avocate ait payé de sa vie «pour avoir assisté des personnes poursuivies pour actes de terrorisme. L’avocat, en Turquie, est encore assimilé à la personne qu’il défend. Elle est morte pour la justice».

Frédéric Olivé a ajouté que les barreaux continueraient de «défendre les leurs et de défendre une parole libre et équitable ». Il a saisi l’occasion pour exprimer le soutien des avocats à l’Iranienne Nasrim Sotoudeh, militante des droits de l’homme, qui mène elle aussi depuis plus de trois semaines une grève de la faim en prison à Téhéran «et qui vient d’être hospitalisée».

Le même jour sur les marches du Palais de justice du Havre, une quarantaine d’avocats ont observé vers 12h une minute de silence, à l’initiative de la Conférence des bâtonniers et de la Fédération des barreaux d’Europe. La bâtonnière du Havre, Maître Patricia Rique-Serezat s’est indignée du fait qu’Ebru Timtik soit morte «après 238 jours de grève de la faim, assassinée, dans le silence coupable des gouvernants, tant de l’Europe, que du reste du monde».

«Les barreaux et les avocats continueront inlassablement à se battre pour faire respecter les droits fondamentaux, la parole de la défense libre et indépendante, et à réclamer la libération de confrères ou consœurs incarcérés pour avoir fait leur devoir », a-t-elle affirmé.

Elle a alerté du fait que la France devrait s’inquiéter d’«une grave atteinte aux libertés», et de poursuivre : «Nombre de lois d’état d’urgence ont été incluses dans la loi de manière pérenne et les restrictions de liberté s’empilent avec la crise sanitaire. Or, la démocratie est fragile par nature.»

Condamnée à 13 ans de prison 

Ebru Timtik, avocate de 42 ans, était une militante d’origine kurde zaza et de confession alévie. Au mois de juillet, un tribunal stambouliote avait refusé sa libération, malgré la transmission d’un rapport médical établissant que son état de santé ne lui permettait pas de rester emprisonnée.

Avocate de personnes accusées de terrorisme, elle avait été incarcérée puis condamnée en 2019 à 13 ans de prison pour «appartenance à une organisation terroriste». Ebru Timtik a notamment défendu l’opposant au gouvernement turc Bachar Kimyongür, lui-même condamné pour terrorisme. Elle était selon ce dernier «une figure de proue, un visage familier pour des milliers de personnes qui l’ont croisée dans les tribunaux et les chambres mortuaires» ainsi qu’un «bouclier, que nous pensions capable d’encaisser tous les coups». Il décrit une femme «solaire, tout le temps heureuse, une poétesse dans l’âme qui passait ses journées à chanter».

Le cabinet d’Ebru Timtik a pris en main des dossiers très sensibles et médiatisés, notamment celui de Berkin Elvan, mort à 15 ans en pleine manifestation dans le parc Gezi durant les mouvements sociaux de 2013. Le cabinet People’s Law office avait aussi défendu Nuriye Gülmen et Semih Özakça, deux éducateurs spécialisés licenciés après le coup d’Etat du 15 juillet 2016. Les avocats du cabinet ont été arrêtés deux jours avant l’ouverture du procès, qui devait se tenir le 14 septembre 2017.

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