Instrumentalisation politique de la police ? Un CRS annonce quitter son institution

Instrumentalisation politique de la police ? Un CRS annonce quitter son institution© Philippe LOPEZ / Source: AFP
Ecusson des compagnies républicaines de sécurité, CRS (image d'illustration).
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Au plus haut de la contestation sociale des Gilets jaunes, les forces de l'ordre ont été perçues par certains comme le dernier rempart du pouvoir politique. Constat dont se rapproche le récent état des lieux d'un CRS en colère contre son institution.

«Aujourd'hui, pour moi, il est temps de partir». Après une carrière de douze ans dans le maintien de l'ordre, le fonctionnaire Laurent Nguyen, membre des compagnies républicaines de sécurité (CRS), a expliqué son intention de quitter son institution dans une vidéo publiée le 8 juillet par le média en ligne Le vent se lève.

J'ai senti un décalage entre mes aspirations en tant qu'être humain et ce qu'on attendait de moi en tant que policier

«Je pensais, en rentrant dans la police, servir un rôle, une fonction, servir la population française en étant humain [...] J'ai senti un décalage entre mes aspirations en tant qu'être humain et ce qu'on attendait de moi en tant que policier, [c'est-à-dire] en un seul mot : obéir. Or notre devise c'est servir, servir le peuple au nom duquel on est censé exercer notre profession», souligne d'emblée Laurent Nguyen, membre du syndicat policier Vigi.

A la même table que Maxime Nicolle – une des figures historiques du mouvement des Gilets jaunes – le fonctionnaire de police n'hésitera pas, au cours d'un échange de près d'une heure et demie, à confier son expérience personnelle au sein d'une institution vis-à-vis de laquelle il se montre très critique.

Je ne suis pas rentré dans la police pour être instrumentalisé à des visées politiques

En substance, le CRS s'interroge sur l'utilisation politique de la police par le pouvoir en place. «Je ne suis pas rentré dans la police pour être instrumentalisé à des visées politiques», affirme par exemple celui qui, dans le cadre de certains mouvements sociaux, se questionne sur l'existence de ce qu'il décrit comme «une manipulation grossière» dont le but serait, en amont de certaines manifestations, d'exacerber la défiance mutuelle entre agents du maintien de l'ordre et manifestants.

«Manipulation grossière» des autorités ?

Le CRS évoque par exemple à ce sujet une manifestation de Gilets jaunes à Valence (Drome), début 2019, pour laquelle «le préfet avait annoncé la venue de 500 à 1 000 casseurs». «Le matin, je vois tous les collègues devant BFM qui entendent cette information, et le commandant d'unité qui la reprend : attention on attend entre 500 et 1 000 casseurs aujourd'hui», explique Laurent Nguyen, qui décrit un climat général particulièrement tendu à l'approche de l'événement. «Fin des courses : 0 casseur identifié. C'est une manipulation du directeur de cabinet de la préfecture de la Drome», accuse-t-il. Evoquant par ailleurs un dispositif «ville morte» qui a obligé les commerçants à fermer boutique pour la journée, et qui selon lui a pu encourager l'aversion des habitants contre le mouvement des Gilets jaunes, Laurent Nguyen insiste : «Je porte cette accusation de manipulation. [Monsieur le directeur de cabinet de la préfecture] quelles étaient les informations dont vous disposiez pour annoncer dans les médias qu'il allait y avoir entre 500 et 1 000 casseurs à Valence ce jour-là ? Vous aviez des informations ? Produisez-les !»

La discussion tourne entre autres sur la perception des forces de l'ordre qu'a pu développer une partie des manifestants au fil des récents mouvements sociaux. Interpellé par Maxime Nicolle – selon lequel beaucoup de manifestants s'interrogent, de façon croissante, sur ce qu'il décrit comme une déshumanisation des agents du maintien de l'ordre, ou encore sur l'absence, selon lui, de remise en question dans les rangs de la police face à certains comportements – Laurent Nguyen évoquera pour sa part l'existence, mais aussi les limites, du «devoir de désobéissance à un ordre manifestement illégitime», auquel les policiers peuvent recourir «uniquement si les conditions le permettent».

Le policier insiste en outre à plusieurs reprises sur le fait que ses propos ne reflètent que son expérience personnelle. Pistes de réflexion sur une défiance grandissante entre la police et les manifestants, comportements inacceptables de part et d'autre du bouclier, problématiques liées à l'influence de l'administration, remise en question de la légitimité de l'IGPN ou encore interrogations sur la thématique du racisme au sein de la police... Autant de sujets sur lesquels s'expriment Laurent Nguyen et Maxime Nicolle, avec un temps de parole plus conséquent pour le premier que pour le second, pour sa part habitué à donner son avis sur ces sujets auprès d'une communauté de plus de 150 000 internautes.

La thématique du maintien de l'ordre dans le cadre du mouvement des Gilets jaunes avait fait l'objet d'un dossier publié au mois de novembre 2019 sur la plateforme RT France dédiée au mouvement citoyen, intitulé «Maintien de l’ordre : la France face au défi». Mené par le journaliste Antoine Boitel, ce travail avait permis d’apporter un éclairage différent sur le maintien de l’ordre au fil des actes des Gilets jaunes, notamment à travers les témoignages de plusieurs policiers.

Fabien Rives

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