Pourquoi Gérald Darmanin met-il soudainement en avant ses origines ?
Depuis qu'il a été nommé ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin aime rappeler publiquement ses origines de petit-fils d'immigré et son aïeul algérien. Une stratégie qui ressemble curieusement à celle de son mentor, Nicolas Sarkozy.
«Grand honneur, pour le petit-fils d’immigré que je suis, d’être nommé Ministre de l’Intérieur de notre beau pays», a posté Gérald Darmanin sur Twitter le 6 juillet, jour de sa nomination en tant que ministre de l'Intérieur.
Grand honneur, pour le petit-fils d’immigré que je suis, d’être nommé Ministre de l’Intérieur de notre beau pays.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) July 6, 2020
Merci à Christophe Castaner qui a mené une action courageuse et déterminée au service de la protection de nos concitoyens.
Gérald Darmanin est effectivement le petit-fils d'un tirailleur algérien et résistant durant la Seconde guerre mondiale.
Au Sénat, le 8 juillet, il a d'ailleurs tenu à rappeler que son grand-père «priait Allah et portait l'uniforme de la République». «Mon premier prénom est Gérald, mon deuxième prénom est Moussa», a-t-il ajouté après avoir déclaré, en réponse à la question de la sénatrice Jacqueline Eustache-Brinio : «Oui, l'islam politique est un ennemi mortel pour la République». Dans son intervention, la sénatrice se disait inquiète de la montée du communautarisme islamique. Elle a d'ailleurs rappelé les positions de Gérald Darmanin qui évoquait en 2015 une laïcité «punitive» et suggérait à maintes reprises un «concordat avec l'Islam». Concordat «qui remettrait gravement en cause les principes mêmes de la loi de 1905», a appuyé Jacqueline Eustache-Brinio.
Gérald Darmanin face au Sénat: "Oui, l'Islam politique est un ennemi mortel pour la République" pic.twitter.com/JXvQUOFsS7
— BFMTV (@BFMTV) July 8, 2020
Depuis sa nomination à l'Intérieur, Gérald Darmanin semble vouloir communiquer coûte que coûte sur ses origines. Cela fait curieusement écho à la stratégie passée de l'un de ses proches... Nicolas Sarkozy. En campagne pour la présidentielle de 2007, le leader de la droite rappelait avec fierté, lors du discours d'investiture, qu'il était «petit Français au sang mêlé». Après son élection, il restera malgré tout discret sur sa parenté, et son lien avec la Hongrie à travers son père Pal.
Toutefois, peu avant le second tour de la présidentielle de 2012, le président en fonction semblait faire de sa parenté étrangère un argument de campagne : «Mon père était hongrois. Un jour il a voulu devenir français. Quand on est en France depuis longtemps, la naturalisation est de droit.»
"Mon père était hongrois. Un jour il a voulu devenir français. Quand on est en France depuis longtemps, la naturalisation est de droit"
— Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) May 1, 2012
Gérald Darmanin prendrait-il son inspiration chez Nicolas Sarkozy ? Le magazine Gala du 6 juillet rappelle que les deux hommes nouent une amitié depuis 2016. Nicolas Sarkozy le qualifierait même comme son «fils préféré», rappelle Gala d'après Ludovic Vigogne dans son livre Tout restera en famille.
Désormais, les parcours semblent s'aligner entre les deux hommes. Nicolas Sarkozy comme Gérald Darmanin ont été ministre au Budget et ministres de l'Intérieur. Nicolas Sarkozy utilisera cette dernière fonction pour se forger une légitimité en vue de la présidentielle de 2007. Il parviendra la même année à se faire élire à la présidence de la République. Reste à savoir si Gérald Darmanin a la même pensée en se rasant le matin.