Coronavirus : Didier Raoult entendu par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale
Chargée de tirer les leçons de la pandémie de Covid-19, la commission d'enquête de l'Assemblée nationale convoque depuis le 23 juin plusieurs interlocuteurs impliqués dans la crise. Didier Raoult en fait partie.
«Je ne me trouve pas désagréable, je me trouve plutôt aimable», a estimé le professeur Raoult, concédant néanmoins que c'était un point de vue «subjectif».
«Je ne vois pas de raison de ne pas croire aux chiffres chinois. Je ne vois pas pourquoi ils mentiraient plus, alors qu'ils ont plutôt une tendance à amplifier le phénomène pour montrer qu'ils ont été sérieux. D'ailleurs, ce sont eux les plus grands bénéficiaires de la crise car on a tout acheté là-bas», rappelle Didier Raoult.
Didier Raoult rappelle que l’hydroxychloroquine remonte au quinquina, arbuste originaire de l'Equateur, qui était considéré comme l’«écorce des fièvres» par les Jésuites au XVIIe siècle. Il rappelle que son efficacité contre les fièvres a été décriée, notamment pour des questions de posologie. Mais lorsque le roi Louis XIV fut guéri grâce à une poudre à base de quinquina en 1686 et en 1687, le regard sur cette écorce a changé et son usage s'est répandu en France.
«Toute cette histoire, c'est parce que les gens d'Europe de l'Ouest ont de mauvaises habitudes, c'est là qu'on est mort le plus. [...] Les 15 pays les plus touchés sont les 15 pays les plus riches. Est-ce qu'on sait encore traiter les maladies infectieuses aiguës ?», s'est interrogé Didier Raoult.
«50% des médecins dans le monde utilisent l'hydroxychloroquine pour soigner le Covid. Et en France aussi», assure Didier Raoult.
«Je vous recommande faire une véritable enquête sur Gilead et le Remdesivir [...] J'ai été menacé, j'ai porté plainte et l'auteur des mails c'était le type qui recevait le plus d'argent de Gilead depuis dix ans», a déclaré Didier Raoult. Plus tôt, il a vertement critiqué le laboratoire et dénoncé des conflits d'intérêts.
«Je ne suis pas un homme de réunions, je suis un homme de données», a déclaré Didier Raoult.
«L'idée que l'Etat se saisisse de soins qui sont de la tâche usuelle des médecins et leur interdise de faire un certain nombre de choses qui sont banales, je ne suis pas d'accord», a tranché Didier Raoult. «Et pour le dire tout à fait officiellement, je suis surpris que l'Ordre des médecins ait accepté une chose pareille. Moi, si j'avais été le président de l'ordre des médecins, j'aurais démissionné immédiatement», a-t-il ajouté.
«Vous me demandez pourquoi je ne suis pas resté dans ce Conseil scientifique, c’est parce que je considérais que ce n’était pas un Conseil scientifique», a tranché Didier Raoult. «Je sais ce que c’est un Conseil scientifique, je vous assure que j’ai un Conseil scientifique à l’IHU, il fait rêver le monde entier, c’est que des stars dans leur domaine», a-t-il ajouté.
«Je l’avais dit au ministre : les conflits d’intérêt, ils vont nous polluer», rappelle le professeur marseillais, expliquant que l’autre question qu'il avait posée était celle des experts : «J’avais dit : faites attention !»
A propos du manque de dépistage au plus fort de la crise, Didier Raoult n'a pas mâché ses mots. Il estime que «la manière dont ça s’est organisé est archaïque […] ça frise le ridicule».
Le professeur Didier Raoult, qui a fait parler de lui dans le cadre des intenses débats sur la généralisation d'un traitement à base d'hydroxychloroquine face à la propagation du Covid-19, est auditionné ce 24 juin à l'Assemblée nationale par une commission d'enquête chargée de tirer les leçons de la pandémie.
Le directeur de l'IHU Méditerranée de Marseille fait en effet partie des interlocuteurs qu'ont décidé d'interroger les membres de la commission. En pleine crise sanitaire, il est devenu une personnalité publique de premier plan, autant adulée que vilipendée, amenant même de nombreux commentateurs à analyser son potentiel politique.
Ministres, dirigeants d’agences sanitaires et d’administrations aux manettes ces derniers mois, mais aussi ces dernières années, sont entendus par les députés depuis le 16 juin afin d'«établir la généalogie et la chronologie de cette crise», a fait savoir la présidente de la commission des Affaires sociales Brigitte Bourguignon (LREM), qui préside cette commission d’enquête.
Comme le rapporte Le Parisien, à la différence de la mission d'information parlementaire qui a rendu son rapport le 3 juin, la commission d'enquête a des pouvoirs d'investigation élargis : ses convocations sont obligatoires sous peine de sanctions pénales, les auditions se déroulent sous serment et ses membres peuvent réaliser des contrôles sur pièces et organiser des déplacements, par exemple dans un hôpital ou un Ehpad durement touché par l'épidémie. Le Sénat a aussi prévu sa commission d'enquête, qui sera mise en place à la fin du mois.
Ces missions parlementaires interviennent parallèlement à la recherche d'éventuelles responsabilités judiciaires après la crise sanitaire, puisque comme le précise l'AFP, le parquet de Paris a ouvert le 16 juin une vaste enquête préliminaire sur la gestion de la crise, visant notamment les chefs d'«homicides involontaires» ou de «mise en danger de la vie d'autrui».