France

«FDO 22 unis» : un second groupe privé de policiers contenant des messages racistes révélé

Quelques jours après la révélation de messages racistes publiés sur Facebook dans un groupe privé réunissant des membres des forces de l'ordre, le média StreetPress a divulgué l'existence d'un second groupe similaire sur Facebook de 9 000 individus.

Quatre jours seulement après avoir révélé l'existence de messages racistes publiés sur le groupe Facebook nommé «TN Rabiot Police officiel», réunissant des membres des forces de l'ordre, le média StreetPress a divulgué le 8 juin l'existence d'un second groupe baptisé «FDO 22 unis», dans lequel des propos similaires étaient tenus.

«Vu la tronche, c'est du rom de Serbie, ils en sont infestés dans les pays de l'Est»

Ce deuxième groupe privé, qui, comme le premier, nécessite l'invitation de l'un des membres pour l'intégrer, rassemblerait actuellement plus de 9 000 individus, dont une majorité de membres des forces de l'ordre. C'est d'ailleurs un policier, «désabusé par le racisme qui mine l'institution policière», selon StreetPress, qui en a informé le média en ligne. «J'ai plein de collègues dans les contrôles qui disent : "Tiens, encore un bamboula"», s'indigne cette source. L'homme raconte également que certains de ses collègues «se vantent d'aller en Autriche, pour se rendre sur la tombe d'Hitler».

«Bien fait pour sa sale gueule ! #Jesuistrottoir»

Bien que StreetPress ne soit pas parvenu à intégrer le groupe Facebook «FDO 22 unis», le média a tout de même réussi à se procurer de nombreux échanges entre les protagonistes.

Commentant l'actualité, principalement liée aux forces de l'ordre, certains membres du groupe multiplient les propos humiliants, haineux et racistes, par exemple au sujet de Gabriel, adolescent de 14 ans blessé à l'œil lors d'une interpellation par la police dans la nuit du 25 au 26 mai dernier.

«Bah voilà, il va rentrer dans le droit chemin. Car comme on dit, gentil n'a qu'un œil», éructe un premier membre des forces de l'ordre, avec trois emojis qui pleurent de rire, à propos de l’œil enflé Gabriel. 

«Fallait lui empéguer les deux yeux, ça aurait fait un antivol», renchérit un second. «Bien fait pour sa sale gueule ! #Jesuistrottoir», lance un autre.

«Encore une bavure (des parents pour avoir chié ce connard)», ajoute un quatrième.

«S'il tout plé missiou moi pas volor», ricane un membre du groupe au sujet de l'adolescent défiguré, tandis qu'un autre, adepte de la page Facebook, écrit : «Vu la tronche, c'est du rom de Serbie, ils en sont infestés dans les pays de l'Est.»

Par ailleurs, StreetPress (qui précise toutefois que certains membres du groupe «tentent de modérer leurs collègues») fait état de la diffusion sur le groupe d'un montage se voulant satirique au sujet notamment de la mort de Zyed et Bouna en 2005, ou de Sabri à Argenteuil le 17 mai dernier.

Une enquête ouverte après les premières révélations de StreetPress

La polémique avait enflé sur les réseaux sociaux après la découverte de messages racistes et sexistes dans un premier groupe Facebook privé auquel appartenaient des agents des forces de l'ordre, révélés par StreetPress le 4 juin.

Les remarques sexistes ou racistes se multipliaient dans ce groupe Facebook privé «réservé aux forces de l’ordre» et comptant plus de 8 000 membres, selon le média en ligne.

Quelques heures après avoir été saisi par le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, le parquet de Paris avait annoncé le 5 juin l'ouverture d'une enquête préliminaire pour «injure publique à caractère raciste» et «provocation publique à la haine raciale».

«Ils confondent humour et racisme», plaident certains sur le groupe

Dans le nouveau groupe Facebook révélé par StreetPress, cette première enquête est évoquée. Un membre plaide par exemple : «Ils confondent racisme et humour.»

«Même si certains propos sont effectivement déplacés, la plupart de leurs screens c’est de l’humour», peut-on encore lire.

«Ouais quelques propos agressifs, de l'humour noir ou un peu lourd, mais faut pas déconner quand même, on est pas dans le propos raciste, haineux à tout va», estime un autre.

Mais cette ligne de défense pèsera-t-elle, alors que Christophe Castaner a promis, ce 8 juin en conférence de presse, de sanctionner tout «soupçon avéré» de racisme dans la police ?