France

Adama Traoré/George Floyd : 20 000 manifestants à Paris malgré l'interdiction

L'affaire George Floyd fait des émules en France. A Paris, au moins 20 000 manifestants se sont rassemblés malgré l'interdiction sous le slogan «Justice pour Adama». D'autres rassemblements ont eu lieu, notamment à Marseille ou Lyon.

Mercredi 3 juin

Environ 20 000 personnes ont participé à la manifestation parisienne, selon les chiffres de la préfecture de police.

Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, estime sur Twitter «que la violence n’a pas sa place en démocratie» : «Rien ne justifie les débordements survenus ce soir à Paris, alors que les rassemblements de voie publique sont interdits pour protéger la santé de tous. Je félicite les forces de sécurité et secours pour leur maîtrise et leur sang-froid.»

Des heurts sporadiques ont à nouveau éclaté dans la soirée.

Mardi 2 juin

Un commissariat de police municipale a été dégradé, en marge de la manifestation parisienne, à Clichy-la-Garenne.

Retrouvez les temps forts de la manifestation parisienne de ce soir, en image.

Les forces de l'ordre adressent une première sommation aux individus toujours présents sur les lieux.

La plupart des manifestants restant se dispersent.

Plusieurs heures après les premiers heurts, des affrontements se poursuivent au niveau du périphérique dans la capitale.

Quelques manifestants sont encore sur les lieux, même si la foule s'est en grande partie dispersée, alors que les pompiers interviennent sur plusieurs départs de feu.

Plusieurs colonnes de fumée sont visibles dans la capitale.

Retrouvez l'édition spéciale de RT France consacrée aux manifestations contre les violences policières en France, notamment celle pour Adama Traoré à Paris.

Des individus mettent le feu à des barrières à proximité du rassemblement, au niveau du périphérique. Les scènes d'affrontement se concentrent, alors que les forces de l'ordre répondent par des tirs de grenades lacrymogènes.

Les heurts se poursuivent à Paris, entre projectiles et gaz lacrymogène.

La situation se tend à Paris, où un cordon de CRS se dresse face aux manifestants. Des «Police, assassin !» volent. Les forces de l'ordre font usage de gaz lacrymogène pour tenter de disperser la foule. L'ambiance est confuse.

Des individus lancent des projectiles vers les forces de l'ordre, qui envoient davantage de gaz.

Une internaute poste des images de la mobilisation vue d'en haut, montrant l'affluence.

 

«J’ai commencé à militer à 14 ans. J’ai rarement vu autant de monde devant un palais de Justice», commente Eric Coquerel, député La France insoumise présent lors du rassemblement à Paris.

Suivez les événements en direct avec notre reporter à Paris, Lucas Léger.

Ayant lui-même perdu un œil après un tir de LBD lors d'une manifestation de Gilets jaunes, Jérôme Rodrigues est présent aux côtés d'Assa Traoré. Celle-ci demande une minute de silence en l'honneur de toutes les victimes et de «tous les mutilés». Elle salue la diversité d'origine des participants au rassemblement : «Aujourd'hui, elle est là la France !»

Plusieurs centaines de manifestants posent un genou à terre en hommage à George Floyd, à Paris.

La sœur d'Adama, Assa Traoré, organisatrice de la manifestation à Paris, monte sur un abribus pour y prendre la parole devant la foule. «On a tué mon frère !», scande-t-elle. «On se bat pour tous les Adama Traoré», poursuit-elle, dénonçant l'interdiction de manifester décrétée par la préfecture de police.

«Police, assassin !», scandent les manifestants. «Tout le monde déteste la police», entend-on encore.

Selon une journaliste à Marseille, Margaïd Quioc, les manifestants ont été exposés à des tirs de gaz lacrymogènes.

 

Présente dans le cortège parisien, la députée de La France insoumise Mathilde Panot explique qu'elle est venue soutenir la famille d'Assa Traoré pour demander «la justice et la vérité sur la mort d'Adama [Traoré]». Elle déplore aussi des pratiques autorisées en France qui seraient «interdites dans d'autres pays» comme «le plaquage ventral qui est responsable de l'asphyxie d'Adama Traoré». «C'est abominable de voir les violences policières que nous avons aujourd'hui dans notre pays», ajoute la parlementaire.

A Paris, des CRS interviennent pour évacuer une femme qui a fait un malaise.

Un correspondant de la presse locale rapporte qu'à Lyon, après quelques jets de projectiles, les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser un cortège qui tentait de partir en manifestation sauvage.

A Lyon, où plusieurs centaines de personnes sont également rassemblées, les manifestants mettent un genou à terre en hommage à George Floyd.

Pour l'instant le rassemblement se déroule de manière pacifique, comme en témoignent les images de notre reporter Charles Baudry. Les manifestants sont munis de pancartes, et crient des slogans tels que «Pas de justice, pas de paix». Des slogans hostiles à la police sont également criés.

Notre reporter Lucas Léger confirme par l'image que la foule est «très importante à Paris malgré l'interdiction préfectorale».

Le dispositif de police est très important devant le Tribunal de grande instance, alors que le rassemblement a été interdit par la préfecture de police.

Selon notre reporter sur place, des centaines de manifestants affluent devant le tribunal de Paris pour la manifestation interdite du collectif.

Des militants contre les violences policières ont appelé à plusieurs manifestations ce 2 juin sur tout le territoire. A Paris, c'est le collectif Vérité et justice pour Adama, fondé après la mort d’Adama Traoré en juillet 2016 suite à son interpellation par la gendarmerie du Val-d’Oise, qui appelle à un rassemblement (interdit par les autorités) devant le Tribunal de grande instance de Paris.

L’organisation, notamment dirigée par la sœur du défunt, Assa Traoré, avait appelé à la mobilisation dans les villes de Paris, Saint-Nazaire, Lille, Marseille, Lyon ou encore Toulouse, réclamant «Justice pour Adama», dénonçant les violences policières et profitant également de l’occasion pour revenir sur la mort de George Floyd, tué lors de son arrestation le 25 mai, et qui embrase actuellement les Etats-Unis.

A Paris, les manifestants ont ainsi pour mot d'ordre la dernière phrase prononcée par George Floyd, alors qu'un policier appuyait sur son cou avec son genou : «Je n’arrive plus à respirer» («I can't breathe», en anglais)

Le rassemblement parisien interdit par le préfet

Plus tôt dans l’après-midi, le préfet de Paris, Didier Lallement, avait pris un arrêté interdisant le cortège parisien, faisant valoir «l’état d’urgence sanitaire» ainsi que la crainte de «débordements» sur «un site sensible», d’après le communiqué mis en ligne sur Twitter par la préfecture. Dans une vidéo publiée sur Twitter, Assa Traore avait néanmoins appelé à maintenir le rassemblement.

Depuis la mort d’Adama Traoré dans une caserne du Val-d’Oise, le 19 juillet 2016, la famille ne cesse de défendre l’hypothèse selon laquelle la technique d’immobilisation employée par la gendarmerie aurait tué le jeune homme âgé de 24 ans.

Or, plusieurs expertises, dont une récente, innocentent les forces de l’ordre. L’avocat de la famille, Yasinne Bouzrou, dénonce des expertises basées selon lui sur de faux témoignages.

L’affaire Adama Traoré se retrouve de nouveau propulsée sur le devant de la scène en écho à la mort de Floyd George, tué lors de son interpellation par la police à Minneapolis le 25 mai. Le rapport du médecin légiste officiel du comté de Hennepin a confirmé la mort de l’homme de 46 ans par «homicide» en raison de «la pression exercée sur son cou» par un des agents.

Depuis, en parallèle à des rassemblements pacifiques, de véritables scènes d’émeutes se sont déroulées un peu partout dans le pays avec des magasins pillés, des commissariats saccagés ou encore des écoles vandalisées. En France, des rassemblements en hommage à George Floyd ont eu lieu le 1er juin à Paris et à Bordeaux.