D’après la nouvelle expertise médicale demandée dans le cadre de l’affaire Adama Traoré, le jeune homme mort en juillet 2016 après son interpellation par la gendarmerie «n’est pas décédé d’asphyxie positionnelle, mais d’un œdème cardiogénique». La conclusion de l’expertise, que Franceinfo a pu consulter, est formelle et innocente donc les forces de l’ordre.
«La conclusion est très claire : le plaquage ventral qui est dénoncé depuis le début par la famille comme étant l'origine du décès vient pour la troisième fois d'être infirmé par les experts médicaux», a fait savoir Rodolphe Bosselut, avocat de plusieurs gendarmes placés sous statut de témoin assisté, auprès du site public d’informations.
Pour la famille, l'expertise s'appuie sur un faux témoignage
Le 19 juillet 2016, Adama Traoré avait trouvé la mort dans une caserne du Val-d’Oise, quelques heures à peine après son interpellation musclée par la gendarmerie à Beaumont-sur-Oise. Depuis lors, la famille ne cesse de défendre l’hypothèse selon laquelle la technique d’immobilisation employée par la gendarmerie aurait tué le jeune homme âgé de 24 ans.
Devant cette nouvelle expertise, les proches d’Adama Traoré et leur avocat, Yassine Bouzrou, dénoncent des études basées sur un faux témoignage. Selon la famille, l’homme de 38 ans chez qui Adama Traoré s’était réfugié avait déclaré que le jeune homme était arrivé exténué à son domicile, contredisant ainsi la version des gendarmes, qui avaient assuré que l’interpellé n’«avait aucun trouble physique apparent».
D’après la partie civile, les «expertises médicales qui ont été réalisées sur la base de ce témoignage n’ont donc aucune valeur juridique car ce témoin est un menteur». «Ce témoin clef refuse de témoigner devant la juge d’instruction, en ma présence sachant que nous souhaitions mettre en avant ses nombreuses contradictions», insiste Maître Bouzrou, toujours auprès de Franceinfo.
Une demande appuyée par Assa Traoré, sœur d’Adama et porte-parole du comité Vérité et justice pour Adama : «Le problème, c’est qu’il ne s’est pas rendu à sa convocation en septembre dernier et refuse de témoigner à nouveau. Une preuve de plus qu’il n’a pas dit la vérité aux gendarmes.» La jeune femme affirme par ailleurs que ce dernier avait déclaré ne connaître son frère que de vue, alors que d’après plusieurs témoignages les deux hommes occupaient un temps le même emploi.
«Je comprends que la partie civile soit gênée par ce témoignage mais c’est le monde à l’envers que d’entendre qu’il y aurait eu pression des enquêteurs. Il y a au contraire dans le dossier de nombreux éléments qui établissent la crainte de représailles de la famille Traoré à l’encontre de ce témoin», a commenté Maître Bosselut, auprès de Franceinfo.
Une reconstitution organisée par les parties civiles devrait se tenir dans les deux prochains mois selon Assa Traoré.