Elu à Tourcoing, Gérald Darmanin autorisé à être à la fois ministre et maire
Alors qu'il vient d'être réélu maire de Tourcoing, Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des Comptes publics, devrait conserver son portefeuille. Son importance aux yeux du président de la République lui a permis de déroger à cette convention.
Alors que le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé le 22 mai que le second tour des élections municipales se déroulerait le 28 juin, Franceinfo révèle ce 23 mai que le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, devrait conserver son portefeuille malgré sa victoire à Tourcoing, où il vient d'être élu maire par son conseil municipal. Lors du premier tour, il était arrivé largement en tête avec plus de 60% des suffrages.
Edouard Philippe déclarait pourtant le 4 septembre 2019, lors d’un séminaire gouvernemental : «Quand on est ministre, on ne peut pas cumuler avec la tête d'un exécutif local. Donc il [leur] appartiendra de dire s'ils veulent rester membres de gouvernement.» Si la règle n’est pas inscrite dans la loi, elle constitue une sorte de convention sous la Ve République. En 2017, quelques mois après l’élection d’Emmanuel Macron, et la nomination de Gérald Darmanin à Bercy, celui-ci avait quitté son poste de maire de Tourcoing, acquis en 2014, pour en devenir le premier adjoint.
L'«atout populaire de Macron», selon un membre du gouvernement
Il semble que depuis, l’ancien des Républicains (LR) ait pris un certain poids politique, et soit devenu très utile au président de la République et à sa majorité. «Face à tous les experts de la société civile et les énarques du gouvernement, Tourcoing, c’est le diplôme de Gérald», fait valoir un proche du ministre cité par le média public. Il est également décrit dans l’article comme l’«atout populaire de Macron» par un membre du gouvernement.
Conscient de son importance auprès d'Emmanuel Macron, l'ancien conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais avait d’ailleurs prévenu le chef de l’Etat et le Premier ministre lors d’un entretien accordé à nos confrères de France Bleu Nord le 31 janvier : «Ce que je souhaite, c'est de bien faire mon travail de ministre et d'être maire de ma commune.» Il a visiblement été exaucé. «C’est ce que l’on appelle l’exception Darmanin», constate un dirigeant de l’exécutif, toujours cité par Franceinfo.
S'exprimant auprès du JDD le 24 mai, Gérald Darmanin est revenu sur cette dérogation. «Le président de la République et le Premier ministre m’avaient autorisé à être ministre et candidat. Ils m’ont autorisé, pendant un temps et vu les circonstances exceptionnelles [...] à exercer ces deux fonctions. Mais sans cumuler les rémunérations : je ne toucherai pas l’indemnité de maire», a-t-il rappelé.