Cinq à huit ans d’emprisonnement requis contre la bande des «chasseurs» de Chinois

- Avec AFP

Cinq à huit ans d’emprisonnement requis contre la bande des «chasseurs» de Chinois© Alexander Klein Source: AFP
Cliché pris lors des célébrations du Nouvel An chinois, le 29 janvier 2012, à Paris (image d'illustration).
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Quatre hommes sont actuellement jugés pour plusieurs vols avec violences dirigés contre la communauté chinoise. Pour trois d'entre eux, le procureur a requis des peines de cinq à huit ans de prison. Le procès du quatrième se déroule à huis clos.

Ce procès est décrit comme celui d’«une équipe de prédateurs» qui faisait «la chasse» aux Chinois. Cinq à huit ans d'emprisonnement ont ainsi été requis ce 14 mai à Créteil contre trois jeunes hommes pour une série de vols avec violences visant presque exclusivement des femmes asiatiques. Dans son réquisitoire, la représentante du ministère public a dénoncé des faits «d'une extrême gravité» basés «sur des préjugés racistes abjects et haineux».

«Nous sommes face à une équipe de prédateurs» qui «a pris le soin, parfois pendant des heures, de choisir ses victimes presque exclusivement asiatiques», a-t-elle ajouté, dénonçant des passages à l'acte ultraviolents avec des victimes traumatisées qui, pour certaines, se sont «résignées à ne pas porter plainte».

Les faits se sont déroulés entre février et avril 2019 principalement dans les villes d'Ivry et Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) ainsi que dans le XIIIe arrondissement de Paris, lieux de vie de la communauté asiatique.

L'enquête, qui a débuté en février 2019 après une recrudescence de vols au mode opératoire identique, a permis d'identifier une trentaine de victimes même si, selon les enquêteurs, elles doivent en réalité être plus nombreuses.

Contre Marin V. et Ilyes Z., âgés tous deux de 21 ans et déjà connus de la justice, la procureure a demandé huit ans d'emprisonnement ferme avec maintien en détention provisoire.  Pour le troisième homme, Joachim P., 20 ans, qui n'a eu de cesse de minimiser sa participation aux faits, une peine de cinq ans d'emprisonnement a été demandée avec mandat de dépôt.

Un quatrième homme, Aymen K., mineur au moment des faits, était jugé à huis clos par un magistrat pour enfants. Jugés depuis le 14 mai en correctionnelle, les prévenus ont accueilli le réquisitoire dans le silence, la tête baissée.

Les victimes dénoncent une «violence gratuite»

Dans plus de la moitié des cas, aux vols de sacs à main se sont ajoutées de nombreuses violences : coups de pied, bousculades et balayettes, comme l'avait rappelé la veille le président du tribunal. «Une violence gratuite» visant des «cibles sans défense», selon Me Soc Lam qui défend six victimes. Seule l'une d'elles a fait le déplacement au tribunal.

Le 13 mai à la barre, aidée d'un traducteur, elle a raconté son vol à l'arrachée, tôt un matin d'avril. Et l'angoisse qui ne la quitte plus. «J'ai peur en permanence», avait-elle déclaré. Pour Me Lam, les prévenus se sont «acharnés» sur les victimes. «Le sang ne les arrête pas», a-t-il affirmé dans sa plaidoirie, montrant au tribunal des photos de victimes le visage tuméfié et ensanglanté. «Une victime était avec son bébé lorsqu'elle s'est fait agresser. Ça ne les a pas arrêtés non plus».

Plut tôt dans la matinée, les avocats de la Licra, de SOS Racisme et du Mrap, toutes parties civiles, ont, d'une même voix, dénoncé des actes «racistes» et «insupportables» qui ne «doivent pas rester impunis». 

«Vous avez terrorisé des quartiers entiers !», s'est emporté Me Mathieu Riberolles, conseil de la Licra. «Il faut briser ce cycle, a-t-il exhorté, car il y aura des prochaines fois. C'est à la mode d'attaquer des Asiatiques. Le cycle va continuer, c'est pour ça qu'il faut envoyer un message de fermeté».

Même tonalité pour l'avocat de SOS racisme, Me Calvin Job, qui a souligné le très jeune âge des agresseurs. «On a l'impression qu'il y a une sorte d'attrait dans ce "business". Les agresseurs sont très jeunes, parfois mineurs, c'est très grave. Et pour quel résultat ? Des butins dérisoires».

Le 13 mai, Ilyes Z. avait nié que ces agressions constituaient un «rite initiatique» permettant d'entrer dans une bande rivale, évoquant simplement quelque chose de répandu «dans le quartier».

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