Coronavirus : certains enfants touchés par de graves défaillances cardiaques

Coronavirus : certains enfants touchés par de graves défaillances cardiaques© Joel Saget Source: AFP
Image d'illustration. Soignants à l'hôpital Lariboisière à Paris le 27 avril 2020.
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En Grande-Bretagne, en France, et en Italie, les médecins ont alerté sur la survenue croissante de troubles cardiaques graves chez l'enfant, soupçonnés d'être liés au Covid-19. Le ministre de la Santé dit prendre l'information «au sérieux».

Hasard malencontreux du calendrier ou nouvelles données alarmantes : les médecins s'inquiètent de l'émergence de symptômes graves, notamment cardiaques, chez les enfants atteints de coronavirus.

Un nombre croissant d’enfants de tous âges a été hospitalisé dans un contexte d’inflammation multi-systémique

Leurs alertes interviennent alors que le Premier ministre vient de confirmer le 28 avril la réouverture progressive des écoles, contre l'avis du conseil scientifique. L'équipe du Centre de référence en malformations cardiaques congénitales complexes Necker à Paris (M3C Necker) a constaté une recrudescence d'hospitalisations d'enfants ces dernières semaines. Selon des informations du quotidien Midi Libre, Le docteur Damien Bonnet, chef de service cardiologie congénitale et pédiatrique, a constaté : «Un nombre croissant d’enfants de tous âges a été hospitalisé dans un contexte d’inflammation multi-systémique associant fréquemment une défaillance circulatoire avec des éléments en faveur d’une myocardite».

Des enfants en détresse cardiaque

«Ce syndrome inflammatoire implique le cœur, les poumons ou l'appareil digestif», a détaillé le docteur Damien Bonnet. «L'état clinique de certains patients rappelle la maladie de Kawasaki», ajoute-t-il. Cette affection infantile rare provoque une inflammation des parois des vaisseaux sanguins du corps, y compris du cœur, et déclenche d'autres symptômes tels que des fièvres, des douleurs abdominales, des diarrhées ou vomissements.

Ce syndrome inflammatoire implique le cœur, les poumons ou l'appareil digestif

«L'épidémie a démarré il y a cinq semaines en Ile-de-France et ces jeunes enfants affluent depuis 15 jours. Il y a eu une hausse depuis vendredi. C'est un phénomène qui nous ennuie», a-t-il poursuivi.

Les collègues espagnols, britanniques et belges qu'il a contactés ont fait état des mêmes constatations. Cinq cas de syndromes de Kawasaki ont été également été répertoriés à Gênes ces derniers temps, selon la presse italienne.

Le 29 avril, pour le quotidien la Dépêche du Midi, le docteur Isabelle Kone Paut, professeur de rhumatologie pédiatrique à l’hôpital Kremlin-Bicêtre à Paris, a détaillé le profil des jeunes malades : «Ce sont des enfants qui ont entre 2 et 10 ans, qui n’ont pas d’antécédent notable, et pas de maladie chronique». Pierre-Louis Léger, chef de service de réanimation pédiatrique de l'hôpital Trousseau (AP-HP) a averti que son établissement avait traité trois cas, l'hôpital Necker plus d'une dizaine d'enfants, l'hôpital Robert Debré trois ou quatre, et que cet afflux constituait «un bilan totalement anormal en cette période».

Un bilan totalement anormal en cette période

Sur France info le 29 avril, Olivier Véran, le ministre de la Santé, informé par des équipes parisiennes, a assuré prendre la chose «évidemment très au sérieux». Il dit mobiliser la communauté scientifique, «pour voir s'il y a lieu de faire un lien entre le coronavirus et cette forme qui, jusqu'ici n'avait pas été observée nulle part». Cependant, à ce stade, cette nouvelle n'affectera pas la date de réouverture des écoles puisqu'il n'a pas encore «les éléments médicaux concernant ces enfants» pour infléchir la décision.

Ces constatations des médecins français corroborent l'alerte de la société britannique de soins intensifs pédiatriques (PICS) le 27 avril. Elle avait répercuté l'information du service public de santé anglais, le NHS England, qui avait noté l'augmentation de ces cas d'enfants gravement atteints par une maladie dont les symptômes sont également similaires à la maladie de Kawasaki. Tous ces enfants ne sont pas testés positifs au virus Covid-19, mais certains ont pu le contracter quelques semaines avant.

Ce syndrome inflammatoire est-il lié au virus du Covid-19 ?

Pour le moment, les médecins conjecturent sur cette nouvelle pathologie. La société britannique s'interroge sur «l'émergence d'un syndrome inflammatoire d'enfants liée au Sars-CoV-2», ou liée d'une manière ou d'une autre à la pandémie. En France certains médecins songent à une maladie secondaire, un phénomène inflammatoire à retardement.

Il s'avère que jusqu'ici en France, ces enfants présentent ce tableau critique seulement quelques heures puis sont rapidement tirés d'affaire, même s'ils sont hospitalisés quelques jours en réanimation. Dans l'Hexagone, selon le dernier bulletin épidémiologique de Santé publique France, les moins de 14 ans représentent moins de 1% des hospitalisations pour Covid-19.

Des médecins tempèrent l'inquiétude

Alors, faut-il s'inquiéter de l'arrivée potentielle d'une épidémie généralisée de cette maladie mystérieuse, qui pourrait avoir un impact sur les plus jeunes ? Et y a-t-il vraiment un lien entre cette maladie et le Covid-19 ? Face à ces questions, plusieurs spécialistes du domaine de la pédiatrie se montrent plutôt rassurants.

Interrogé à ce sujet par RT en anglais, Angelo Ravelli, professeur de pédiatrie et directeur du programme de résidence pédiatrique à l'Université de Gênes, dit ne pas s'attendre à «une épidémie de Kawasaki chez les enfants, car le Kawasaki lui-même est rare». «Nous ne savons pas encore si les cas que nous voyons ces jours-ci sont dus à la vraie maladie de Kawasaki ou à des maladies de type Kawasaki, c'est-à-dire des vascularites. En effet, bon nombre de ces enfants présentaient des symptômes non typiques de la maladie de Kawasaki»explique Angelo Ravelli qui est également chef du service rhumatologie à l'Institut Giannina Gaslini, l'un des plus grands hôpitaux pédiatriques d'Italie.

Répondant également à RT, Anne Rowley, professeur de pédiatrie, de microbiologie et d'immunologie à la Feinberg School of Medicine de la Northwestern University, aux Etats-Unis, estime que les cas récents touchant des enfants pourraient être déclenchés par un certain nombre de facteurs. «On ne sait pas si les cas sont causés par le même processus, ou si certains sont causés par le Covid-19 et d'autres par une autre pathologie, comme le syndrome de choc toxique, qui est le résultat d'une infection bactérienne», déclare-t-elle.

Interrogée sur RTL le 29 avril, Isabelle Claudet, chef des urgences pédiatriques du CHU de Toulouse, rappelle quant à elle que la maladie de Kawasaki est une maladie connue qui «survient avec d'autres virus et qui entraîne une vascularite». Cette maladie «peut se compliquer [...] mais c'est rare et elle répond très bien au traitement qui est mis en place et qui est bien connu depuis plusieurs années», estime cette spécialiste. 

Concernant les quelques cas détectés en France, Isabelle Claudet rappelle qu'«il y a des enfants parmi ceux-là qui ont des tests positifs pour le Covid-19, et puis d’autres qui présentent les mêmes symptômes et qui ne sont pas positifs» Elle estime à cet égard qu’on ne peut pas être sûr qu’il n’y ait que le Covid-19 qui ait déclenché la maladie de Kawasaki chez ces enfants. «Il peut y avoir des co-infections avec d’autres virus», insiste-t-elle. En résumé, ces facteurs ne remettent «pas en question», selon elle, le constat de départ concernant la résistance des enfants face au coronavirus. «Le Covid-19 chez l’enfant est une maladie à expression peu importante, voire asymptomatique», confirme le professeur Claudet.

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