Une messe à huis clos interrompue par des policiers : l'archevêque de Paris s'insurge

Une messe à huis clos interrompue par des policiers : l'archevêque de Paris s'insurge© Zakaria ABDELKAFI Source: AFP
L'archevêque Michel Aupetit en conférence de presse le 15 juin 2019 à Paris (image d'illustration).
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Selon le Figaro, le curé de l'église de Saint-André-de-l'Europe à Paris ne sera pas verbalisé. Mais sa messe dominicale à huis-clos, qui n'aurait impliqué que sept personnes, a été perturbée par la police. Monseigneur Aupetit est monté au créneau.

«Les policiers sont entrés en arme dans l'église, or il y a interdiction formelle aux policiers d'entrer en arme dans une église. Il n'y avait pas de terroristes ! Il faut garder la tête froide et arrêter ce cirque. Sinon on va prendre la parole et [...] aboyer très fort !» a prévenu Michel Aupetit, archevêque de Paris au micro de Radio Notre-Dame le 22 janvier.

A l'origine de cette vive mise en garde du prélat, un incident inattendu à la paroisse de Saint-André-de-l'Europe à Paris VIIIe le 19 avril : le père de Maistre, qui célébrait la messe à huis-clos pour une retransmission sur les réseaux sociaux à destination des fidèles privés d'office pour cause de pandémie mondiale, a été interrompu en plein ouvrage.

Trois membres de la police nationale, vraisemblablement alertés par un riverain, selon Le Figaro, ont fait irruption dans l'église pour demander que la messe prenne fin.

Nous étions sept personnes : moi-même, un servant, un chantre, un organiste, et trois paroissiens pour donner la réplique et faire les lectures

Le prêtre rapporte ainsi l'événement au quotidien : «Nous étions sept personnes : moi-même, un servant, un chantre, un organiste, et trois paroissiens pour donner la réplique et faire les lectures. Au milieu de la messe, trois policiers armés ont pénétré dans l’église. Or, l’autorité de police dans une église, c’est le curé ! À part les pompiers, la police ne peut entrer, tant qu'elle n'est pas appelée par le curé.»

L'homme d'Eglise précise, auprès du Figaro : «J'ai fait le choix de continuer la messe, mais la police nous ordonnait d'arrêter. La chef des policiers a exigé qu'ils "verbalisent le monsieur" (moi) et a laissé ses deux adjoints procéder. Mon servant d'autel, lui-même policier, a pu descendre pour dialoguer avec eux. Mais ils sont repartis au bout de 20 minutes après avoir exigé que les trois paroissiens sortent.»

Mais le père de Maistre déplore également : «Cette idée que des gens font de la délation pour dénoncer des prétendues messes clandestines... Précisément, on avait fermé les portes de l'église pour dissuader les paroissiens de venir et respecter le confinement. Or, cela se retourne contre nous, car les gens ont le sentiment qu'on fait quelque chose de caché !»

La police avait-elle le droit d'intervenir ?

Selon le journal de droite, qui cite un arrêt du Conseil d'Etat de 1993, «la police ne peut donc intervenir dans un sanctuaire qu'à la demande expresse du curé, à une exception près : si l'ordre public est menacé ; ce peut être un grave problème de sécurité, de tranquillité ou de salubrité». La jurisprudence ajoute que les membres des forces de l'ordre doivent permettre aux personnes intéressées d'évacuer librement l'édifice, avant de faire usage de la force. Le quotidien ajoute que l'abbé de Maistre ne sera finalement pas verbalisé.

L'état d'urgence sanitaire pèche-t-il par imprécision ? Si les lieux de culte ne sont pas fermés pour les prières individuelles, le décret n°2020-293 du 23 mars 2020 précise : «Tout rassemblement ou réunion en leur sein est interdit à l'exception des cérémonies funéraires dans la limite de 20 personnes.» 

Comme le relève Le Figaro, «l'ambiguïté demeure donc sur la présence de quelques fidèles, comme ces trois paroissiens présents en l'église Saint-André-de-l'Europe, mais également lors de nombreuses autres messes en France diffusées sur les réseaux sociaux.» 

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