La scène peut paraître surréaliste. En plein confinement, alors que la France fait face à l'une des crises sanitaires les plus importantes de son histoire, la rancœur de certains habitants de Seine-Saint-Denis envers la police ne semble pas connaître de trêve. C’est ainsi que dans la soirée du 26 mars, aux alentours de minuit, dans la cité du Franc-Moisin à Saint-Denis, des policiers ont été la cible d’un guet-apens visiblement bien préparé.
Alors qu’ils patrouillaient au milieu des barres d’immeubles, les fonctionnaires de police ont été pris à partie par une «vingtaine d’individus», selon le maire de la ville. Armés de projectiles, mais également d’un arsenal pyrotechnique, ceux-ci ont alors littéralement vidé leurs munitions en direction des forces de l’ordre, les forçant à se réfugier dans leur véhicule. Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux par le syndicat Synergie-Officiers laisse entrevoir la violence de l’attaque.
«Guet-apens cette nuit contre les policiers aux Francs-Moisins (93). Le respect du confinement vu par une minorité violente et impunie qui met en danger une majorité d’habitants prise en otage», s’est d’ailleurs ému l'organisation syndicale sur Twitter, le 27 mars. Si aucun fonctionnaire de police n’a été blessé, un quasi-miracle, tous ont dû prendre la fuite devant le déchaînement de rage dont ils ont été la cible.
Une scène qui a poussé le maire, Laurent Russier (PCF), à réagir sur Twitter. «Des faits inadmissibles sont intervenus cette nuit dans le quartier du Franc-Moisin. Une vingtaine d’individus ont tendu un piège aux forces de secours et de police en dressant une barricade et en incendiant un véhicule, aux alentours de minuit. Les pompiers et les policiers ont été la cible de jets de projectiles et de tirs de mortiers. Ces faits, en temps normal, sont déjà intolérables. De tels agissements nous indignent et nous révoltent», a-t-il tempêté.
Si cette scène n’a pour le moment provoqué aucune réaction de la part du ministère de l’Intérieur, elle devrait participer à relancer le débat sur le confinement dans les banlieues dites «sensibles». Dans son édition du 25 mars, Le Canard Enchaîné révélait le compte rendu d'une visioconférence tenue le 18 mars entre Beauvau et des préfets, au cours de laquelle Laurent Nunez avait fait savoir que le respect du confinement dans les «quartiers» n’était «pas une priorité».
Un préfet de la zone Sud-Est aurait même précisé qu’il «ne fallait pas mettre le feu aux banlieues en essayant d'instaurer un strict confinement». Et ce même quand certains de ses habitants mettent, eux-mêmes, le «feu aux banlieues» ?