Selon les informations du journal Le Parisien le 19 mars, 1 348 personnes ont été verbalisées en Seine-Saint-Denis depuis la mise en place des mesures de confinement. Le procureur de la République de Bobigny précise auprès du quotidien : «Sur la première journée, 10 % des PV dressés en France l'ont été en Seine-Saint-Denis.»
Le journal francilien rappelle que les amendes pour non-respect des mesures de confinement sont désormais passées à 135 euros et décrit des scènes étonnantes lors desquelles la police a été appelée pour mettre fin à des barbecues géants et des parties de football.
S'attaquer à cette situation sera plus compliqué que de gérer des manifestations de Gilets jaunes
Selon les informations du journaliste Aziz Zemouri, du magazine Le Point, au troisième jour de confinement, le 19 mars, c'était à Paris que les habitants étaient le plus indisciplinés, à l'intérieur de la petite couronne, concernant le non-respect de ces règles avec 1 161 procès-verbaux dressés. Par comparaison, 563 PV auraient été dressés en Seine-Saint-Denis, selon cette même source, qui a toutefois précisé que c'était à Paris et dans les Hauts-de-Seine qu'il y avait eu le plus de contrôles.
Le coup de gueule des policiers en colère
L'ancien commandant de police Jean-Pierre Colombies, contacté par RT France à ce sujet, estime pour sa part que la «fracture sociale» des «fameux territoires perdus de la République» explique en partie les difficultés à imposer le confinement en Seine-Saint-Denis, notamment : «Force est de constater que lorsque des pans entiers de la société se conforment aux règles imposées dans le cadre de la lutte contre la contagion, il y a par ailleurs une volonté de résistance absolue à s'y plier dans ces secteurs et quartiers en rupture totale avec le reste de la société. Ces fameux territoires perdus de la République, où l'action de l'Etat n'est non seulement ni entendue ni comprise, mais aussi purement et simplement combattue.»
Nos politiques ont laissé tomber ces secteurs et les policiers qui y travaillent, nous verrons si ce virus aura le mérite de rappeler à chacun ses obligations, préfet et ministre compris
Selon le porte-parole de l'association de policiers en colère UPNI, l'action du ministre de l'Intérieur et du préfet de police de Paris devrait à présent viser à relever le défi que posent ces secteurs géographiques : «Voilà une occasion pour un ministre de l'Intérieur déconnecté et un préfet bravache de démontrer à la société qu'ils seront capables de faire respecter partout la loi républicaine dans l'intérêt même d'une politique prophylactique.»
Et de dresser un parallèle avec les opérations de maintien de l'ordre observées pendant plus d'un an dans les manifestations des Gilets jaunes : «S'attaquer à cette situation sera plus compliqué que de gérer des manifestations de Gilets jaunes dont l'énorme majorité des participants avaient à cœur de défendre leur condition sociale. [...] Dans le cas que nous évoquons, ce sont des quartiers entiers qui se sont refermés sur eux-mêmes et ont créé une société bis, avec leurs règles et leurs lois internes. Il faudra bien plus que des coups de menton et des discours de parade pour rétablir l'ordre républicain.»
Enfin, l'ancien policier militant rappelle l'épisode devenu célèbre du préfet Lallement conversant avec une femme se présentant comme Gilet jaune, place d'Italie à Paris, au lendemain du 53e acte de la crise sociale : «Si vous avez un camp à choisir Monsieur le préfet, ce sera bien celui-là. Mais pour y parvenir il faudra avoir le courage d'aller jusqu'au bout d'une lutte qui n'aura rien de virtuelle. Les flics de terrain, en ce qui les concernent, connaissent les difficultés quasi insurmontables pour intervenir dans ces zones. Tous nos politiques ont laissé tomber ces secteurs et les policiers qui y travaillent, alors nous verrons si ce virus aura finalement le mérite de rappeler à chacun ses obligations, préfet et ministre compris.»