Covid-19 : décès de médecins et multiplication des cas positifs, les soignants en première ligne
Trois médecins sont décédés des suites d'une contamination au Sars-cov-2, et des centaines d'autres soignants ont également été testés positifs. 345 cas ont été recensés en Ile-de-France et 238 rien qu'au CHU de Strasbourg.
Le 23 mars, deux nouveaux décès de médecins de la région Grand Est ont été annoncés par l'Agence France presse. Selon la clinique du Diaconat de Mulhouse (Haut-Rhin), Jean-Marie Boegle, gynécologue-obstétricien de 66 ans, est mort «des suites» du Covid-19. En Moselle, Sylvain Welling, généraliste de 60 ans, est décédé à l'hôpital de Saint-Avold où il avait été admis le 18 mars pour des «problèmes respiratoires», a fait savoir Gilbert Weber, maire de la commune.
Le 22 mars, le ministre des Solidarités et de la Santé avait déjà annoncé le décès d'un médecin urgentiste de 67 ans, Jean-Jacques Razafindranazy, qui travaillait à Compiègne dans l’Oise, l'un des premiers départements à avoir été fortement touchés en France.
Si le médecin est mort à Lille des suites du Covid-19, où il avait été transféré après l'aggravation de son état, son hôpital de Compiègne avait été un des tout premiers à accueillir des patients contaminés avec celui de Creil dans l'Oise, au mois de février.
De fait, les soignants testés positifs au Covid-19 sont de plus en plus nombreux dans les hôpitaux : ils seraient déjà au nombre de 238 au CHU de Strasbourg, selon les informations du Monde et 345 en Ile-de-France, dont deux en réanimation.
Le quotidien vespéral précise que les chiffres ne sont donnés qu'au «compte-gouttes» par les centres de soin et ajoute que si «la plupart» des soignants testés positifs travaillent encore dans leurs services à Strasbourg, seulement huit soignants positifs ont été recensés au CHU de Tours et sont confinés à leurs domiciles.
Les soignants dénoncent un manque d'anticipation et de moyens
La colère monte encore et culmine chez les personnels soignants des hôpitaux, dont de nombreux services d'urgence avaient été en grève pendant de longs mois en 2019 : la pénurie de masques de protection respiratoire serait due à «l'imprévoyance totale» du gouvernement et de l'administration française, qui auront «des comptes à rendre» après l'épidémie de coronavirus, a ainsi estimé ce 22 mars le docteur Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France (FMF), lui-même infecté et confiné chez lui depuis huit jours.
Ce dernier a ensuite précisé : «Les annonces c'est bien, voir réellement les masques ce serait quand même mieux [...] Les masques auraient dû être commandés il y a plus de deux mois, voire trois.»
Même son de cloche chez son homologue Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération de syndicats médicaux français (CSMF) qui, évoquant «les plaintes de [ses] confrères qui n'en ont pas sur le terrain», a dénoncé sur CNews ce même jour «un vrai retard dans la logistique de ces masques».
Le 19 mars, le chef du service des urgences à l'hôpital Georges-Pompidou à Paris jugeait pour sa part sur l'antenne de BFMTV que la France était «un pays sous-développé en matière de santé».