Covid-19: nouveaux incidents dans des prisons françaises face aux mesures restrictives des autorités
- Avec AFP
Discordes, refus d'obtempérer et dégradations du mobilier ont eu lieu le 21 mars dans plusieurs prisons françaises, où les conditions de détention liées au confinement font monter la colère des captifs. «11 gardes à vue de détenus sont déjà prévues.»
De nouvelles tensions ont eu lieu dans plusieurs prisons françaises, le 21 mars 2020. Des détenus ont refusé de réintégrer les cellules à l'issue des promenades, a-t-on appris auprès de l'administration pénitentiaire, dans un contexte d'inquiétude générée par les mesures restrictives instaurées par le gouvernement pour lutter contre la pandémie de Covid-19.
«Refus de réintégrer» les cellules, «dégradations» et «procédures disciplinaires»
A l'instar du 18 mars, des «refus de réintégrer» les cellules ont été relevés à Béziers, à Sequedin (près de Lille), aux Baumettes à Marseille, à Draguignan, au Mans, à Varenne-le-Grand (Saône-et-Loire), ou encore à Nanterre (Hauts-de-Seine), a communiqué la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP) à l'AFP. Des incidents ont également eu lieu à Aix-en-Provence, mais étaient clos en fin de journée, selon FO pénitentiaire.
«Il y a eu dans quatre cas des dégradations», a indiqué la DAP qui a souligné que d'ici au 22 mars, «11 gardes à vue de détenus sont déjà prévues et confirmées, en plus des procédures disciplinaires engagées». Ainsi, cinq détenus de la prison de Béziers ont été placés en garde à vue, quatre de la prison de Sequedin, tandis que deux le seront ce 22 mars de l'établissement de la Varenne-le-Grand, avec comparution immédiate le 23 mars. D'autres sont envisagées pour des détenus de Nanterre et du Mans.
Il s'agit de «faire passer un message de fermeté face aux actes de violences et de dégradation», a précisé la DAP dans un communiqué diffusé le 21 mars au soir. Elle a toutefois dit «entendre et comprendre les inquiétudes des détenus, qui rejoignent d'ailleurs celles des personnels pénitentiaires en ce qui concerne les exigences sanitaires».
Dans la majorité des cas, une intervention des Eris (Equipes régionales d'intervention et de sécurité) a été nécessaire pour que les détenus réintègrent les cellules.
«Ces refus de réintégrer ont parfois été accompagnés de dégradations», comme à Béziers où un banc en béton a été dégradé et utilisé comme projectile, selon une source syndicale qui a affirmé que le personnel pénitentiaire avait fait usage de fusils à pompe. Le procureur de la République de Béziers a quant à lui expliqué qu'une intervention de près de 100 membres des forces de l'ordre avait été nécessaire.
Alors que la France est placée depuis le 17 mars en confinement pour lutter contre la pandémie de Covid-19, les parloirs pour les familles et proches des détenus sont suspendus depuis le 18 mars pour une durée minimale de 15 jours. Les promenades ont été maintenues entre les murs des 188 prisons françaises. «Des rumeurs de suppression de ces promenades circulent, ce qui génère des mouvements d'inquiétude», a souligné la DAP, ajoutant que «la suppression des promenades n'est pas d'actualité». Toutefois, à Nanterre, «la contestation portait sur le fonctionnement de la buanderie», a précisé la DAP.
Télévision gratuite, crédit téléphonique, aide pour les plus démunis : de son côté, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a annoncé le 19 mars des mesures en faveur des détenus afin de compenser la suspension des parloirs.