Sans réponse à leur ultimatum, plus de 1 000 médecins hospitaliers démissionnent administrativement
- Avec AFP
Agnès Buzyn recevra-t-elle les démissionnaires ? Le porte-parole du collectif de médecins avoue qu'il n'imagine pas qu'il puisse en être autrement. Mais le gouvernement est déjà allé très loin en ignorant l'ultimatum des 1 200 médecins.
Près de 1 200 médecins hospitaliers, dont 600 chefs de service et 470 responsables d’unités doivent annoncer ce 14 janvier leur démission «collective» de leurs fonctions administratives. Ils avaient menacé de le faire si le ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn n'engageait pas de «négociations» sur le budget et les salaires de l'hôpital : «L'hôpital doit être réformé, mais il n'y a pas de grande réforme possible sans moyens», écrivent les signataires d'une lettre publiée en ligne le 13 janvier par Libération. Ils y dénoncent «l'insuffisance du plan d'urgence» qu'elle a dévoilé fin novembre 2019 avec le Premier ministre Edouard Philippe après huit mois de crise.
Hôpitaux publics : «Ça fait des mois que les hôpitaux sont en grève et rien ne se passe»#APHP#Hôpital@gkierzekpic.twitter.com/yjF4R4RAEL
— RT France (@RTenfrancais) January 10, 2020
«C'est pour vous alerter solennellement que nous avons pris en toute responsabilité, la décision inédite et difficile de démissionner collectivement à partir du 14 janvier 2020 si à cette date des négociations ne sont pas engagées», préviennent ces «chefs de service, responsables d'unités fonctionnelles» et autres «responsables de pôles» issus de toute la France.
Plus de la moitié d'entre eux s'étaient engagés mi-décembre à envoyer cette lettre à Agnès Buzyn une fois atteint le palier de 1 000 signataires, à l'initiative du collectif Inter-Hôpitaux (CIH).
Nous avons pris la décision inédite et difficile de démissionner collectivement
Tous réclament «une revalorisation significative des salaires, en plus des diverses primes annoncées», une rallonge supplémentaire de 600 millions d'euros pour les hôpitaux en 2020 et «une révision profonde» de leur mode de financement et de leur gouvernance.
«Nos revendications sont tout à fait raisonnables», a estimé auprès de l'AFP Olivier Milleron, cardiologue à l'hôpital parisien Bichat et porte-parole du CIH. «On n'imagine même pas ne pas être reçus» par la ministre, a-t-il ajouté. Si toutefois ce n'était pas le cas, les signataires envisagent non pas d'arrêter les soins mais d'abandonner leurs responsabilités administratives et leur rôle d'interlocuteur avec les directions hospitalières, selon Olivier Milleron.
Interrogée sur cette démarche le 13 janvier sur France info, Agnès Buzyn s'est à nouveau dite consciente du «découragement des soignants» qui «est ancien» et a rappelé les mesures déjà annoncées pour permettre notamment «aux hôpitaux qui en ont besoin de rouvrir des lits ou d'embaucher du personnel».
La promesse d'une reprise d'un tiers de la dette hospitalière, soit 10 milliards d'euros, sur trois ans, sera amorcée «au deuxième semestre» de l'année 2020, a-t-elle annoncé. De quoi dégager, selon elle, «entre 800 millions et 1 milliard d'euros par an de trésorerie» pour les établissements.