Retraites : les syndicats de police sifflent la fin de partie... Les «policiers en colère» déçus

Retraites : les syndicats de police sifflent la fin de partie... Les «policiers en colère» déçus© Thomas SAMSON Source: AFP
Manifestation intersyndicale policière le 11 décembre à Paris, devant le CESE à l'occasion de l'allocution d'Edouard Philippe (image d'illustration).
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Alors que des CRS se faisaient porter pâles par centaines, il aura suffi d'une réunion pour que le conflit entre Beauvau et les secrétaires généraux de syndicats majoritaires de police se dissipe. Mais les policiers de terrain s'y retrouveront-ils ?

Le 12 décembre, après une réunion organisée place Beauvau qui rassemblait les syndicats majoritaires de la police nationale, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, le haut-commissaire aux Retraites, Jean-Paul Delevoye et un conseiller de Matignon, l'intersyndicale policière a décidé de suspendre ses actions qui visaient à dénoncer une réforme des retraites désavantageuse pour les fonctionnaires de police.

Le ton avait pourtant été donné le 11 décembre devant le Conseil économique, social et environnemental alors que le Premier ministre y détaillait les grandes lignes de la réforme des retraites : portant force banderoles et drapeaux, les patrons des syndicats majoritaires de police manifestaient dehors et faisaient les gros yeux en multipliant les déclarations à la presse. De grandes figures de la police nationale, affichant un front commun en intersyndicale... La scène ne manquait pas de panache.

A l'issue de cette prise de parole très attendue d'Edouard Philippe, Fabien Vanhemelryck, le secrétaire général d'Alliance a notamment prévenu : «Le policier, aujourd'hui, il risque sa vie 24/24h.» Puis, le syndicaliste a interrogé : «Maintenant, comment va se passer le maintien de l'ordre ? Vous allez demander à M. Castaner comment ça se passera [...] on n'est pas des robots, on est des êtres humains. Et tôt ou tard, les collègues du maintien de l'ordre devront se reposer... C'est ce qu'ils commencent à faire.» Au même moment, des compagnies républicaines de sécurité annonçaient que leurs effectifs se faisaient porter pâles par centaines... Mauvais présage pour un gouvernement qui a besoin de toutes ses forces vives sur le terrain pour encadrer les manifestations syndicales les mardis et les manifestations de Gilets jaunes les samedis... Mais si certains policiers de terrain espéraient un grand soir, ou du moins une initiative similaire à celle de la mobilisation des policiers en colère de 2016, ils devront attendre. C'est notamment l'avis des syndicats minoritaires et des associations de policiers de terrain.

Dans un communiqué publié ce 13 décembre, le syndicat de police ViGi s'exclame : «Une honte !» et précise qu'à son sens, les grands syndicats ont «cru aux promesses de Christophe Castaner»... Et d'avancer, acide : «Qu'ont ils obtenu pour eux, en trahissant une fois de plus les policiers ?» Même son de cloche pour l'Union des policiers nationaux indépendants et le Collectif autonome des policiers d'Ile-de-France, qui contactés par RT France, lâchent dépités : «Nos organisations ne sont pas contentes. Les organisations syndicales se font dépouiller.»

Des promesses de Beauvau, en attente d'un courrier...

Dans le communiqué publié par l'intersyndicale, les grands partenaires sociaux du secteur détaillent d'ailleurs les raisons qui les ont fait céder : «la seule qualité de policier sera reconnue comme facteur dangereux», la fameuse bonification au cinquième sera «substituée par une sur-cotisation du ministère» de l'Intérieur qui le prendra en compte pour l'ensemble de la carrière du policier. Enfin, le tract explique que «le ministre s'est engagé devant la parité syndicale à maintenir le même niveau de pension qu'aujourd'hui.»

Retraites : les syndicats de police sifflent la fin de partie... Les «policiers en colère» déçus
Communiqué de l'intersyndicale policière.

Des engagements de réunion qui devront encore être traduits par des engagements écrits, préviennent les syndicats de police qui attendent un courrier «ce weekend».

Ce qu’on vous promet aujourd'hui oralement sera détricoté demain et vous crèverez au travail !

France Police-Policiers en colère, syndicat minoritaire et pourtant engagé dans cette intersyndicale, ne décolère pas. Dans un communiqué publié le 12 décembre, il fustige : «Les syndicats de police macronistes ne nous ont pas demandé notre avis et parlent en notre nom au titre d’une intersyndicale de façade ! [...] Collègues ! Vous avez élu ces types pour vous défendre.. Vous avez les représentants que vous méritez ! Même la confédération CFDT qui sert pourtant de courroie de transmission à la social-démocratie dans le monde du travail, n’a pas encore reculé sur les retraites. Ce qu’on vous promet aujourd'hui oralement sera détricoté demain et vous crèverez au travail !»

Dans la foulée des annonces concernant la suspension du travail des CRS qui se faisaient porter pâles le 11 décembre, des rassemblements nocturnes de policiers en colère ont été observés à travers la France, notamment à Lyon, Evry, à Toulouse et à Caen.

Les syndicats de police majoritaires sauront-ils calmer la fureur de leurs adhérents ? Les actions consistant notamment à ralentir le trafic de voyageurs aux frontières en faisant la grève du zèle dans les aéroports, ou à fermer les commissariats plusieurs heures par jour avec des sorties seulement sur appels sont en tout cas suspendues pour le moment.

Antoine Boitel

Lire aussi : Ultimatum social des syndicats de police : vraie détermination ou coup de bluff ?

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