Le journaliste militant Taha Bouhafs et les syndicats policiers s'écharpent sur Twitter
Taha Bouhafs, journaliste et militant, a publié le nom d'un policier ayant procédé à son interpellation à Alfortville. Un syndicat de police, l'estimant mis en danger, a riposté par un tract représentant un chien enragé en cage.
Le torchon brûle entre le journaliste militant Taha Bouhafs, notamment connu pour avoir filmé Alexandre Benalla en pleine action le 1er mai 2018 place de la Contrescarpe, et le syndicat de police Alliance, bientôt rejoint par ses concurrents, Unité-SGP et Synergie-Officiers.
Le 21 novembre, Taha Bouhafs a décidé de publier sur Twitter le prénom et le nom d'un fonctionnaire de police qu'il accuse de l'avoir maltraité lors de son arrestation dans le Val-de-Marne.
On vient de m’envoyer une photo de mon interpellation à Alfortville,
— Taha Bouhafs (@T_Bouhafs) November 21, 2019
L’agent de la BAC du 94 qui a son genou sur ma tête, qui m’a déboîté l’épaule et qui m’a tabassé dans la voiture, s’appelle Maxime DEMAIRE.
Saches maxime que je ne te lâcherais pas, je me battrai jusqu’à bout pic.twitter.com/vq72bKqyLJ
Suite à cette prise de position sur les réseaux sociaux, la branche Val-de-Marne (PAF Orly 94) du syndicat de police Alliance a décidé de soutenir le fonctionnaire en question par le biais d'un tract représentant un chien derrière des barreaux, accompagné du texte : «Taha Bouhafs a la rage [...] Que Taha Bouhafs sache que notre collègue n'est pas seul et qu'Alliance police nationale est à ses côtés !»
Le montage a été publié le 21 novembre sur la page Facebook Alliance Police Nationale 94 - Paf Orly, mais n'a en revanche pas été repris sur le compte Twitter du bureau national du syndicat.
Une polémique a alors éclaté entre les soutiens de Taha Bouhafs et ceux des syndicats majoritaires de la police nationale.
Les soutiens du jeune journaliste ont notamment souscrit au mot-dièse #TahaNestPasSeul, à l'image du journaliste indépendant David Dufresne, qui a commenté : «S’il est en première ligne, Taha n'est pas seul.» La Gilet jaune Priscillia Ludosky a également apporté son soutien, parmi d'autres internautes.
S’il est en première ligne, #TahaNestPasSeul
— David Dufresne (@davduf) November 24, 2019
En face, la syndicaliste Linda Kebbab, élue d'Unité-SGP, a dénoncé une «indignation sélective».
Aveuglés par leur dogme haineux anti-policiers, tout ceux qui twittent #TahaNestPasSeul n’ont aucune empathie pour ce policier pourtant en danger de mort depuis que #Bouhafs a jeté son nom en pâture en le menaçant. Non, l’humanité ne s’achète pas. #IndignationSelective
— Linda Kebbab (@LindaKebbab) November 25, 2019
Le partenaire social Synergie-Officiers a quant à lui souligné les «jérémiades victimaires» de Taha Bouhafs : «Soutien plein et entier aux policiers à qui le sinistre Taha Bouhafs a mis une cible dans le dos. Stratégie habituelle de jérémiades victimaires une fois son forfait commis.»
Soutien plein et entier aux #policiers à qui le sinistre @T_Bouhafs a mis une cible dans le dos. Stratégie habituelle de jérémiades victimaires une fois son forfait commis. https://t.co/ev20ZrsEFI
— Synergie-Officiers (@PoliceSynergie) November 25, 2019
Les soutiens du journaliste militant ont également pu s'exprimer par le biais d'une cagnotte de soutien qu'il a lancée le 20 novembre, lui permettant de récolter pour l'heure 14 000 euros afin de «payer les frais de justice» et d'acheter du nouveau matériel. L'élue de la France insoumise, Clémentine Autain, a notamment expliqué les raisons de sa participation à cette initiative, le 22 novembre, dénonçant «des procès en chaîne» visant «à pénaliser son travail, ses engagements, sa liberté de critiquer».
En soutien @T_Bouhafs contribuons à cette caisse de solidarité pour qu'il puisse exercer son métier de journaliste sans être plomber par des procès en chaine qui vise à pénaliser son travail, ses engagements, sa liberté de critiquer. https://t.co/jmQYE26aUN
— Clémentine Autain (@Clem_Autain) November 22, 2019