Selon le président du Samu social de Paris, il n’y a «jamais eu autant de familles à la rue»
A quelques jours de la trêve hivernale et de la mise en place du Plan hiver, le président du Samu Social de Paris s'inquiète du nombre «inacceptable» de familles vivant dehors dans la capitale et dénonce un système à la limite de l' «implosion».
Interrogé par l’AFP, Eric Pliez, président du Samu Social de Paris révèle que dans la capitale française plus de 7 000 personnes vivent dans les rues et qu’un nombre quasiment égal dort dans des centres d'urgence. Il ajoute qu’il n’y a jamais eu «autant de familles à la rue» car le 115, numéro national d'assistance et d'orientation pour les personnes sans-abri, n'a jamais été autant dans l'incapacité de répondre aux demandes.
Chaque soir, le 115 de Paris reçoit environ 20 000 appels, mais ne peut répondre favorablement qu’à 1 000 d'entre eux. «Sur ces 5% de réponses, nous sommes obligés de faire 1 500 refus, qui concernent environ 1 000 familles dont 300 à 400 enfants […] Et les créations de places pour l'hiver ne changeront rien», précise Eric Pliez. Cette situation est encore compliquée par le problème des campements de migrants avec environ 3 500 personnes qui sont bloquées dans l'est parisien, «dans des conditions indignes», selon le président du Samu Social qui ajoute : «Nous sommes à la limite de l'implosion. Cela déborde de tous les côtés.»
Pour le directeur du Samu Social une des solutions consisterait à rendre le logement plus accessible. Il déplore, par exemple, que «des personnes se voient refuser des logements pour des dossiers incomplets alors qu'il manque seulement quelques papiers» et révèle que le quart de la population des centres d’hébergements soit constitué de travailleurs pauvres, «des personnes qui pourraient avoir accès à un logement».
Il manquerait 6 000 places à Paris et Ile-de-France
Il y a aussi la situation de mères sont coincées dans des maternités et ne sachant pas où aller après avec leurs nouveau-nés. D’une manière générale, Paris connaît un flux continu de personnes dépassant les capacités d’hébergement d’urgence de la capitale. Pour arriver à une situation «acceptable», Eric Pliez estime qu’il faudrait au moins 6 000 places supplémentaires à Paris et en Ile-de-France. Il estime aussi que la Région devrait se charger de ce dossier, en construisant des logements modulaires, et en proposant des occupations de bâtiment en travaux par exemple.
une mise à l'abri est le minimum, soit un lit et un repas chaud, même si la personne doit être renvoyée à la frontière le lendemain
Concernant l'accueil des migrants, le directeur du Samu Social reprend à son compte les recommandations de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), qui prône l'ouverture de 10 000 places par an pendant quatre ans avant de préciser : «Quel que soit le destin des personnes, une mise à l'abri est le minimum, soit un lit et un repas chaud, même si la personne doit être renvoyée à la frontière le lendemain.»