9,3 millions de pauvres en France : les inégalités se sont accrues en 2018
Le taux de pauvreté en France a augmenté en 2018. Cet indice statistique, qui mesure surtout les inégalités, a été réorienté à la hausse par la politique fiscale du gouvernement qui a favorisé les plus riches.
En 2018, le taux de pauvreté a augmenté en France de 0,6 point par rapport à l'année précédente pour atteindre 14,7% de la population, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
Dans sa dernière livraison, l’organisme public explique que cette hausse est en partie liée à la baisse des allocations logement dans le parc HLM. Il précise toutefois que son indicateur, par définition, ne peut tenir compte des baisses de loyer imposées aux bailleurs sociaux, censées compenser cette baisse de revenus. L’Insee ajoute que la hausse du taux de pauvreté ne serait que de 0,2 point s’il n’avait pas tenu compte de la baisse des allocations.
Le taux de pauvreté ne mesure pas un pouvoir d’achat qui tiendrait compte des revenus et des dépenses. Il indique seulement la part de la population vivant avec des revenus représentant 60% du revenu médian, c’est-à-dire une somme qui partage la population en deux parts égales en nombre, au-dessus et en dessous de cette somme.
En France le revenu médian (que l’Insee appelle «niveau de vie médian») s’établit en 2018 à 1 710 euros mensuels (salaires nets + éventuelles prestations sociales). On est donc pauvre au sens statistique en deçà de 1 026 euros par mois et l’on comprend bien que cet indice rend surtout compte des inégalités.
+ 60% de dividendes pour les plus riches
Or, si les inégalités ont augmenté en France en 2018, c’est aussi en raison de la très forte hausse de certains revenus des capitaux, notamment des dividendes perçus par les ménages les plus riches en 2018 (environ + 60%). Pour l’Insee : «Cette augmentation des dividendes versés aux ménages découlerait de la mise en place du prélèvement forfaitaire unique (PFU) [flat tax] qui abaisse la fiscalité de certains revenus du patrimoine.»
En 2018, l’Insee voit aussi évoluer l’indice de Gini, autre mesure statistique des inégalités. Cet indice varie entre 0 et 1, la valeur 0 correspondant à l’égalité parfaite (tout le monde a le même niveau de vie), la valeur 1 à l’inégalité extrême (une personne a tout le revenu et les autres n’ont rien). Il est passé en France de 0,289 en 2017 à 0,294 en 2018.
Sur une période plus longue, l’Observatoire des inégalités explique que «tout au long des années 1970 à 1990, les revenus des pauvres et des riches avaient tendance à se rapprocher [mais qu’]à la fin des années 1990, les écarts entament quinze années de hausse». L’Observatoire confie dans une note publiée en septembre que ses données s’arrêtent en 2017, et qu’à cette date, il a constaté une stabilisation des écarts de revenus.
Mais la Flat Tax et la suppression de l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) semblent avoir changé la donne. Les données plus récentes rendues publiques par l’Insee dans son bulletin mensuel Analyses montrent clairement que la politique fiscale a fait repartir à la hausse les inégalités.
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