Le député LREM Thierry Solère, visé par une instruction à Nanterre, a été mis examen le 11 octobre pour sept chefs d’infraction parmi lesquels fraude fiscale, détournement de fonds publics par dépositaire de l’autorité publique, recel de violation du secret professionnel, trafic d’influence passif, recel d’abus de biens sociaux, recel d’abus de confiance et financement illicite de campagnes électorales. L’élu des Hauts-de-Seine, qui nie catégoriquement les faits, s’était expliqué durant cinq jours auprès de trois juges du pôle économique et financier de Nanterre. C’est à la suite de cet interrogatoire que le conseiller régional d’Ile-de-France a été mis en examen pour des faits concernant quatre sociétés s’étant déroulés entre 2003 et 2017.
Les avocats de l’ancien questeur, Pierre-Olivier Sur, Mathias Chichportich et Jean-Pierre Gastaud, ont immédiatement réagi auprès de l’AFP. «Nous contestons formellement l’intégralité des motifs de ces accusations», ont fait valoir le député et ses conseils. «Cette affaire est délirante et maintenant que nous avons enfin accès au dossier, nous en ferons la démonstration», ont-ils précisé.
En 2016, Bercy avait déposé plainte contre Thierry Solère pour fraude fiscale, ce qui avait entraîné l’ouverture d’une enquête préliminaire. Elle avait été confiée à l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales. L’affaire avait par la suite été élargie à d’autres infractions parmi lesquelles le trafic d’influence. L’immunité parlementaire de l’ancien des Républicains avait été levée et celui-ci avait été placé en garde à vue en juillet 2018, avant qu’elle ne soit levée pour motif médical. Il avait fallu attendre février 2019 pour que l’affaire soit confiée à des juges d’instruction. Six autres personnes sont également concernées par l’ouverture de cette information judiciaire.
L’ancien conseiller général des Hauts-de-Seine est soupçonné de fraude fiscale dans le cadre de ses activités de conseil dans le secteur privé, qu’il pratiquait durant sa mandature. Il est par ailleurs soupçonné d’avoir utilisé sa position privilégiée d’élu pour favoriser des sociétés dans lesquelles il travaillait afin de leur faciliter l’attribution de marchés publics. De plus, l’embauche de l’épouse d’un ancien dirigeant d’une de ces sociétés au poste d’assistante parlementaire intéresse également les enquêteurs.
L’ancien garde des Sceaux condamné
Fin septembre, Jean-Jacques Urvoas, ancien ministre de la Justice entre janvier 2016 et mai 2017, avait été condamné à un mois de prison avec sursis ainsi qu’à 5 000 euros d’amende. Il est reproché à l’ancien garde des Sceaux de s’être rendu coupable de «violation du secret professionnel» pour avoir transmis des éléments de l’enquête à Thierry Solère en 2017.
Durant le procès de l’ancien député du Finistère, Thierry Solère, auditionné en tant que témoin, avait assuré qu’il n’aurait «jamais» été visé par une enquête pour fraude fiscale «s’il n’avait pas été l’organisateur de la primaire de la droite et du centre». A la suite de la plainte de Bercy, il avait évoqué la présence d’un «cabinet noir à l’Elysée».
En 2017, l’ancien membre de la Grande Loge nationale française s’était fait connaître du grand public en organisant les primaires des Républicains avant la présidentielle. Il avait ensuite occupé le poste de porte-parole de François Fillon avant de démissionner après les révélations autour du candidat. Il avait par la suite participé à la création du groupe des «Constructifs» à l’Assemblée, aux côtés de Franck Riester, devenu depuis ministre de la Culture, avant de rejoindre les rangs du parti présidentiel.
Alors qu’il conteste les accusations portées à son encontre, Thierry Solère est même allé jusqu’à déposer, au mois de janvier, une plainte pour «faux» visant indirectement la procureure de Nanterre et sa supérieure de l’époque. Selon lui, la demande de levée de son immunité parlementaire était basée sur des informations qu’elle savait erronées. La plainte avait été classée sans suite en mars dernier.