RATP : vers une grève illimitée à partir du 5 décembre ?
Cinq syndicats de la RATP (n'incluant pas la CGT) s'organisent pour une grève illimitée à partir du 5 décembre contre la réforme des retraites. Le bras de fer avec le gouvernement est bel et bien entamé. L'exécutif va-t-il fléchir et céder ?
La région parisienne va-t-elle être paralysée à partir du 5 décembre ? Les syndicats Unsa, CFE-CGC, SUD, FO et Solidaires de la RATP ont annoncé le 20 septembre, qu'ils s'organisaient pour une grève «illimitée à partir du 5 décembre» afin de défendre leur régime spécial de retraite mis sur la sellette par la réforme macronienne.
«Devant la gravité de la situation, le gouvernement doit utiliser [le] temps [d'ici à décembre] pour prendre les dispositions nécessaires afin de respecter le contrat social, avec le maintien de nos garanties statutaires, qui lie les salariés à l'entreprise et l'Etat», ont fait savoir les cinq syndicats dans un communiqué. Le régime spécial des retraites au sein de la RATP permettait en moyenne, selon un rapport de la Cour des comptes de juillet 2019, un départ à la retraite en 2017 à 55,7 ans, contre 63 ans pour les retraités du régime général et une pension pratiquement deux fois plus élevée qu'une retraite moyenne au régime général.
«[Le 13 septembre], on a fait une grève de 24 heures avec un joli résultat. On l'avait annoncé, c'était une grève de mise en garde», a déclaré à l'AFP Thierry Babec, secrétaire général de l'Unsa-RATP, premier syndicat de la régie. «Mais pour obtenir des résultats, il faut vraiment partir dans un conflit plus dur, poser le sac une fois pour toutes, [car] on voit bien que les grèves saute-mouton de 24 heures, ça ne marche pas», a-t-il ajouté.
La mobilisation du 13 septembre avait en effet provoqué de nombreuses fermetures de lignes de RER, métros et trams durant certains horaires dans l'Ile-de-France. Résultat : des transports en commun peu nombreux et donc surchargés durant les heures de pointe. Ainsi, le gouvernement peut craindre une activité économique réduite en cas de répétition prolongée de grèves. Celui-ci ne peut qu'espérer un basculement de l'opinion à l'encontre des grévistes de la RATP pour poursuivre sa réforme libérale. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Le gouvernement doit aussi réfléchir à l'hypothèse d'un fléchissement de sa réforme des régimes spéciaux, préservant le statut de la RATP mais remettant en cause le calcul des pensions de retraites des autres professions, notamment les enseignants. Des professions qui ont eu plus de mal ces derniers temps à se mobiliser massivement.
Dans tous les cas, la réforme des retraites est explosive puisque la France basculerait – selon les défenseurs de l'actuel système – d'un système actuellement quasi à l'équilibre, sur le principe de répartition, limitant les inégalités et la pauvreté à un système à points où l'euro cotisé fluctuerait selon la valeur du point. Ce basculement philosophique et économique du système de retraites peut faire planer le risque d'une nouvelle colère des Français. A quelques mois des élections municipales, le gouvernement ne veut peut-être pas prendre un risque qui pourrait s'avérer dangereux électoralement.
BG
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