Des otages du Bataclan publient une tribune en soutien à la BRI
Sept anciens otages qui se trouvaient au Bataclan le 13 novembre 2015 ont mis en ligne une tribune afin d'apporter leur soutien à la BRI. Il y dénoncent «le manque de tact et de respect que l’Etat fait subir au service».
«Il est pour nous logique et naturel de défendre les hommes qui ont risqué leurs vies pour sauver la nôtre.» C’est ainsi que se conclut la tribune rédigée par sept survivants du drame survenu au Bataclan le 13 novembre 2015. Mise en ligne sur les réseaux sociaux par l’un d’entre eux le 14 août, elle appelle les pouvoirs publics à revoir leur stratégie vis-à-vis de la Brigade de recherche de d’intervention, plus connue sous l’acronyme BRI ou encore sous l’appellation Antigang.
La BRI telle qu'on la connaît est en péril, à nous de les aider :#Bataclan#13novembre#Terrorisme#Macron#Castaner#Paris@prefpolice@EmmanuelMacron@CCastaner@NunezLaurentpic.twitter.com/7UYFXJaU7O
— David Fritz Goepp (@DavidFritzGoep) August 14, 2019
David, Grégory, Caroline, Stéphane, Marie, Arnaud et Sébastien se trouvaient tous dans l’enceinte de la salle de spectacle lorsqu’un groupe composé de trois terroristes a fait irruption dans le théâtre pendant un concert du groupe de rock Eagles of Death Metal. Ce commando a assassiné froidement 90 personnes avant que la BRI n’intervienne pour libérer les otages.
Les sept rescapés souhaitent mettre en garde contre une possible disparition de l’unité telle qu'elle existe. «A l’heure où nous avons tous besoin de belles histoires, de héros, la BRI et ses hommes en noir mondialement reconnus et adulés, la BRI et ses valeurs, la BRI et ses hommes au grand cœur va être dissoute», préviennent-ils expliquant que la brigade serait «sous le coup d’une réforme de grande ampleur de la Préfecture de police de Pars».
Grégory, un des signataires de la tribune, rappelle à France Culture que s’il a survécu «c’est grâce à l’intervention de la BRI». Il loue le «sang-froid» et le «courage» des hommes qui la composent. «C’est une intervention qui a fonctionné. Et les choses qui fonctionnent, il ne faut pas les détruire mais les consolider», s’alarme-t-il.
Vers une réforme des brigades d'intervention ?
Si ces anciens otages pensent à une possible dissolution du groupe, les éléments actuellement à notre disposition ne permettent pas d’affirmer l’existence d’une telle stratégie. Un rapport a bien été remis sur le sujet à Christophe Castaner par le préfet de Paris, Didier Lallement, ce que confirme un cadre de la BRI à Franceinfo, dans lequel il est question de réformer la BRI mais pas de la dissoudre. Elle pourrait passer sous le commandement du RAID, le groupe d’intervention de la police nationale.
Si rien n’est encore acté, le regroupement possible des unités d’intervention (BRI, RAID et GIGN) est un sujet récurent, encore plus après des attentats, qui apparaît comme un chantier pharaonique tant la concurrence est rude entre ces groupes d’élite. De son côté, le ministère de l’Intérieur confie à France Inter qu’aucune décision n’a encore été prise mais que la question se pose bien afin de «rendre les services plus efficaces dans toutes leurs dimensions».
Un argument qui ne convainc pas les rescapés du Bataclan qui fustigent dans leur texte «le manque de tact et de respect que l’Etat fait subir au service». Ils demandent que «l’Etat soit clair, précis et respectueux envers ces policiers qui, chaque jour, s’appliquent à rendre Paris plus sûr». En tant qu’anciens otages ils se disent «profondément» désolés par cet embryon de réforme.
Néanmoins, la préfecture de police, interrogée par Franceinfo, répète que «rien n’est acté». Les fonctionnaires de la BRI espèrent eux avoir du nouveau sur leur future situation d’ici la rentrée, au risque d’être les derniers à découvrir le pot aux roses. Auprès de France Inter, un officier de la brigade s'est dit très touché par la tribune publiée par les survivants des attaques terroristes du 13 novembre 2015.
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