France

Affaire Rugy : le coût des travaux était justifié selon l'inspection gouvernementale

Les premiers échos de l'inspection diligentée par Matignon sur les travaux réalisés par François de Rugy dans l'Hôtel de Roquelaure montreraient que le montant des rénovations était justifié. Les conclusions seront rendues publiques le 23 juillet.

Le coût des travaux dans le logement de fonction de François de Rugy au ministère de la Transition écologique était justifié, selon les résultats de l'inspection diligentée par le gouvernement, révélés le 20 juillet par nos confrères du Parisien sur leur site. Interrogé par l'AFP, Matignon n'a pas souhaité faire de commentaire.

Mediapart avait évoqué le 11 juillet des travaux à l'Hôtel de Roquelaure pour un montant de 63 000 euros. Ces révélations, ainsi que celles sur les dîners fastueux lorsque l’ancien écologiste était président de l'Assemblée nationale, ont conduit le 16 juillet à sa démission du gouvernement. Il a immédiatement été remplacé par Elisabeth Borne, ancienne ministre chargée des Transports. Sur Facebook, François de Rugy avait souligné, le 10 juillet, que «l’ensemble de ces travaux ont été réalisés dans le strict respect des règles légales et procédures en vigueur».

«A priori tout est réglo»

Matignon avait demandé au secrétariat général du gouvernement de diligenter une inspection afin de vérifier que les travaux se conformaient au «respect des règles». D'après une personne ayant eu accès au dossier et citée par le quotidien, «a priori, tout est réglo» et «les sommes dépensées pour réaliser les travaux sont justifiées».

Les montants élevés s'expliquent par le choix de prestataires spécialisés dans les travaux de rénovation de ce genre de bâtiment construit au XVIIIe siècle. Les résultats de ce contrôle, ainsi que de celui ordonné par le président de l'Assemblée nationale sur les dépenses de l’ancien ministre de la Transition écologique et solidaire, seront connus officiellement le 23 juillet.

Selon des premières indications de source proche de l'enquête parlementaire, celle-ci dédouane également l'ancien titulaire du perchoir pour ses dîners somptueux qui étaient bien «professionnels».  «Retour aux faits. Je m'exprimerai le moment venu», a tweeté le 19 juillet François de Rugy, après les révélations du Parisien.

«Un jour, il reviendra sur tout cela, sur cette folie médiatique lancée par Médiapart», a-t-on développé dans l'entourage de celui qui retrouvera son mandat de député au mois d’août. «Il interviendra quand nous en serons revenus aux réalités, aux faits, au droit - ce que les rapports commencent à dire», a-t-on ajouté, en précisant que l'ex-ministre «préparait d’arrache-pied sa contre-offensive avec son avocat».

D'après Le Parisien, le Premier ministre Edouard Philippe pourrait préciser une circulaire de mai 2017 qui porte sur la «méthode de travail gouvernemental exemplaire, collégiale et efficace». Celle-ci précise que les dépenses à caractère personnel ou familial ne peuvent être mises à la charge de l’Etat. Le chef du gouvernement pourrait y ajouter des préconisations sur les travaux dans les logements de fonction.

Selon l'ancienne magistrate et ex-élue écologiste Eva Joly, «le mélange des genres entre caisse privée et caisse publique n’est plus toléré». Dans un entretien au Journal du Dimanche, elle indique aussi que l’«on pourrait supprimer beaucoup de logements de fonction existants». «On pourrait avoir des appartements d’apparat pour des événements de représentation de la France, mais qui ne seraient pas forcément les lieux où habiteraient les ministres», suggère-t-elle.

L'une des principales autres révélations de Mediapart concernait un logement HLM à Paris occupé depuis 2001 par la directrice de cabinet de François de Rugy, la préfète Nicole Klein, et conservé de 2006 à 2018 alors qu'elle n'habitait plus la capitale. Le ministre avait mis fin le lendemain aux fonctions de cette dernière, qui lui avait vertement répliqué dans Ouest-France: «Il a voulu sauver sa tête en offrant la mienne».

Mediapart avait encore évoqué un appartement loué par le ministre près de Nantes, «à loyer social préférentiel». François de Rugy avait répondu au média en fournissant de nombreux documents visant à prouver sa bonne foi. Après une semaine de révélations, le n°2 du gouvernement a jeté l'éponge, dénonçant au moment de démissionner un «lynchage médiatique», se comparant à l'ancien Premier ministre Pierre Bérégovoy, et continuant de clamer son innocence.

Lire aussi : Combien coûte la présidence de la République chaque année ?