Le Royaume-Uni voyait Jacques Chirac comme un dirigeant «influençable» sur l'Europe et l'euro
- Avec AFP
Londres a cherché à peser sur l'opinion de Jacques Chirac au sujet de l'Union monétaire européenne, le jugeant «influençable» sur les questions européennes, selon des documents déclassifiés, mais cela n'a pas empêché le président de soutenir l'euro.
Le Royaume-Uni, qui n'a pas adopté l'euro, souhaitait empêcher une trop grande intégration européenne. Dans cette perspective, l'ambassadeur britannique à Paris, Christopher Mallaby, voyait en Jacques Chirac un allié potentiel, jugeant son opinion sur le sujet encore «non formée» et donc «influençable», selon des câbles diplomatiques de 1995, qui ont été déclassifiés le 18 juillet.
«Chirac est conscient des risques de persévérer dans l'UEM [Union monétaire européenne] sans réfléchir à ses implications», a-t-il aussi écrit au Premier ministre britannique de l'époque, John Major. Le plan de l'ambassadeur pour «faire avancer le débat» en faveur du Royaume-Uni ? «Etablir un lien très privé» entre Downing Street et l'Elysée, suggérait-il.
«Le prétexte pourrait être des discussions privées» sur l'Union monétaire, mais «l'objectif inavoué serait de s'assurer que Chirac soit confronté aux risques d'un passage rapide à l'UEM, y compris de son effet de division politique au sein de l'Union européenne», détaillait-il.
Selon cet ambassadeur, Jacques Chirac, président de 1995 à 2007, exprimait des réserves quant à la popularité du projet européen. Lors d'une réunion entre chefs de gouvernement en 1995, le locataire de l'Elysée «a dit sans ambages que l'Europe n'était plus très populaire», a rapporté le diplomate.
Le président français aurait aussi dit que «l'Europe sembl[ait] coupée des vrais problèmes qui affectent les citoyens ordinaires», qui la voient «comme une gigantesque bureaucratie mettant son nez là où elle n'est pas utile». Néanmoins, les tentatives britanniques ont semblé vaines. C'est bien sous la présidence de Jacques Chirac que l'euro a été mis en circulation dès 1999. Le chef d'Etat a également soutenu le traité établissant une Constitution pour l'Europe, ayant abouti à un référendum rejeté par les Français en 2005.
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