Un gendarme se suicide à Nîmes : les associations alertent et désespèrent d'être entendues

Un gendarme se suicide à Nîmes : les associations alertent et désespèrent d'être entendues© Geoffroy VAN DER HASSELT Source: AFP
Les gendarmes en opération de maintien de l'ordre lors d'une manifestation des Gilets jaunes à Bordeaux, 16 mars 2019 (image d'illustration).
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La série des suicides au sein des forces de sécurité intérieure semble ne jamais s'arrêter et, pire, elle s'aggrave en 2019 alors que l'année 2018 en avait déjà vu 88. Les associations désespèrent d'être entendues en haut lieu.

Ce 25 juin au matin, un gendarme de la compagnie de Nîmes a mis fin à ses jours avec son arme de service. Ce militaire était l'adjoint du commandant de peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie (PSIG). Les forces de sécurité intérieure paient un lourd tribut depuis le commencement de l'année 2019 : huit gendarmes se sont suicidés, ainsi que sept policiers municipaux, 35 policiers nationaux, deux agents pénitentiaires, deux militaires de Vigipirate et un membre de la police ferroviaire. Selon le «compteur de la honte» tenu par la page Facebook Citoyen solidaire, le total d'agents en uniformes qui se sont suicidés passe ainsi à 55 depuis le début de l'année. Le même compteur s'était arrêté à 88 en 2018.

Contactée par RT France, la présidente de l'association Uniformes en danger, Christelle Teixeira se désespère au téléphone : «Au point où nous en sommes, j'ai l'impression que nous n'en sortirons plus. Il y a un tabou autour du suicide des uniformes. Et encore, on ne répertorie pas les suicides des forces armées et des pompiers, il faudrait ajouter quatre personnes à la liste de 2019 et on serait presque à 60. Je crains qu'on n'arrive à plus d'une centaine à la fin de l'année. L'administration invite les policiers à faire des barbecues pour restaurer la convivialité dans les commissariats... Mais il faut des mesures bien plus conséquentes et par ailleurs les fonctionnaires de police voudraient déjà passer du temps avec leurs familles. Tout cela donne l'impression que le ministre de l'Intérieur est aux abonnés absents et qu'il ne prend absolument pas la mesure du problème, comme s'il prenait tout cela à la légère, "allez on sort la nappe et on mange des merguez!" Et la merguez, ce sont les fonctionnaires qui la paient aussi ? D'ailleurs, je ne l'ai jamais vu à un enterrement d'un membre des forces de l'ordre qui se serait suicidé. Pourquoi ? Il ne faut pas le montrer ? Et pourquoi est-ce qu'il ne nous reçoit pas malgré toutes nos sollicitations ? Avec notre association, nous essayons d'être présents à chaque fois, de faire des cagnottes pour les familles, d'envoyer des fleurs et d'alerter sur ce problème, mais où est Castaner ? Et quand il dit qu'il ne doit rien aux policiers, mais au contraire, il doit tout aux policiers ! L'épisode des Gilets jaunes serait terminé et il ne devrait plus rien à personne ? Il ne manque pas de culot ! Là-haut, personne ne nous respecte.»

Christelle Teixeira souligne également que l'atmosphère au sein de la police nationale est très différente de celle des autres corps de la sécurité intérieure : «Je me rends à de nombreux enterrements de personnes qui ont mis à leurs jours et on remarque les familles des policiers disparus n'avaient rien vu venir parce que leur proche n'avait rien dit. Il y a plus de silence dans la police nationale que chez les pompiers, par exemple. Et puis, tout n'est pas la faute du gouvernement non plus, il faut que les hiérarchies cessent de harceler leurs agents. Et ceux qui dénoncent les harcèlements se font massacrer !»

Pour un membre du Collectif autonome des policiers d'Ile-de-France, contacté par RT France, les représentants professionnels devraient également se saisir mieux du phénomène des suicides dans la police : «Les syndicats commencent à communiquer sur le suicide et maintenant, ils les annoncent même sur les réseaux sociaux, comme nous, les associations le faisons depuis des années. Ils ont changé de ton sur ce sujet mais c'est parce qu'ils n'ont pas eu le choix : devant ce constat alarmant, ils sont obligés de relayer. Mais que font-ils d'autre ? Nous leur avons fait des propositions en tant qu'associatifs, mais ils ne veulent rien savoir. S'ils ne veulent pas que leurs idées émergent du milieu associatif, OK, que proposent-ils ? Et par ailleurs, où est la hotline sur le suicide qui devait être mise en service par le gouvernement au mois de juin ?»

Le 12 mars, des associations de police et quelques syndicats minoritaires de la profession avaient marché dans la nuit à Paris pour alerter sur le malaise qui gangrène leur profession : «On en est pratiquement à un suicide tous les trois jours. On sera à combien à la fin de l'année ? 120 ?», s'était déjà interrogé un policier rencontré sur place par RT France.

Antoine Boitel

Lire aussi : Suicides dans les forces de l'ordre : le compteur de la honte reprend dans une relative indifférence

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