Hidalgo va inaugurer une place de Jérusalem à Paris, une organisation monte au créneau
Le président de l’association France Palestine solidarité a fustigé dans une lettre ouverte le choix de la mairie de Paris d'inaugurer une Place de Jérusalem. Il lui reproche de privilégier l’amitié avec Israël au détriment d'autres communautés.
Bertrand Heilbronn, qui dirige l'association France Palestine solidarité, a accusé dans une lettre ouverte le 21 juin la maire de Paris Anne Hidalgo d'importer en France «le conflit israélo-palestinien» et de mettre à mal «l’idéal laïc de notre République» par la décision du Conseil de Paris d'inaugurer une «Place de Jérusalem» dans la capitale française le 30 juin.
Le militant pro-palestinien reproche entre autres à l'édile de rendre hommage à une Jérusalem qui n'aurait selon elle «d’importance que pour le judaïsme» au détriment des deux autres religions monothéistes qui considèrent la ville comme sacrée, et de faire abstraction de l’«annexion illégale» de la partie est de la ville par l'Etat d'Israël.
La décision du Conseil de Paris survient en réponse à une demande du président du Consistoire central (Union des communautés juives de France) Joël Mergui, formulée lors de la visite du président de l’Etat d’Israël Reuven Rivlin le 24 janvier dernier, à l’Hôtel de Ville de Paris.
Dans un courrier du 15 mai adressé au président du Consistoire, l'édile se dit «très sensible» à sa proposition de créer une place de Jérusalem à Paris, «qui permettrait également de commémorer l'amitié qui unit la Ville de Paris à l'Etat d'Israël». L'élue explique plus loin que le Conseil de Paris actera «le principe d'une place ou d'une esplanade de Jérusalem aux abords du lieu hautement symbolique du Centre Européen du Judaïsme [actuellement en construction]».
Joël Mergui pour sa part s'est réjoui d'une initiative qui «est aussi l’occasion de matérialiser ce fait, rappelé à plusieurs reprises par madame la Maire de Paris : "La ville de Paris ne saurait être ce qu’elle est sans la présence de la communauté juive qui y habite et s’y épanouit"».
Je remercie la Maire de Paris Madame Anne Hidalgo, le Conseil de Paris ainsi que le Conseil d’arrondissement du 17e pour leur décision ce jour de dénommer à Paris, dans le 17e arrondissement de Paris, une « place Jérusalem » https://t.co/0280noImCzpic.twitter.com/KqxIt5Da7J
— Joël Mergui (@JoelMergui) 12 juin 2019
Hidalgo dans les pas de... Trump ?
En revanche, pour Bertrand Heilbronn, l'hommage de Paris à Jérusalem s'inscrit dans la droite-ligne de la politique de Donald Trump «en contradiction avec le droit international et la politique de la France», et repose sur une «confusion» entre la «communauté juive» française et l'Etat d'Israël.
«En pratiquant la confusion entre une religion [...] et la notion contestable de communauté (la « communauté juive »), vous mettez à mal l’idéal laïc de notre République. Et en associant cette "communauté" à un Etat tiers (l’Etat d’Israël) qui viole tous les jours le droit international et les droits de l’Homme, vous importez en France le conflit israélo-palestinien», peut-on notamment lire dans son courrier à Anne Hidalgo.
La place de Jérusalem, premier espace public de la capitale à porter ce nom depuis 1883, sera inaugurée officiellement à l’intersection de la rue de Courcelles et du boulevard de Reims, le 30 juin en présence de la maire de Paris et du maire du 17e arrondissement Geoffroy Boulard.
👋 Dimanche 30 juin à 16h00, ce sera l'inauguration de la Place de Jérusalem !
— Mairie du 17e (@Mairie17) 21 juin 2019
👉 Située à l'intersection de la rue de Courcelles et du boulevard de Reims @geoffroyboulard#Paris17pic.twitter.com/ZDqQrY0sB3
A proximité, ouvrira bientôt un imposant Centre européen du Judaïsme (CEJ) de «4 900 m2 dédiés à la culture, à la transmission, au patrimoine et à l'identité juive», selon une vidéo publiée par le Consistoire de Paris Ile de France.