Mort d'un patient à l’hôpital Georges-Pompidou : la famille porte plainte

Mort d'un patient à l’hôpital Georges-Pompidou : la famille porte plainte© Thomas Samson Source: AFP
L'hôpital européen Georges Pompidou en 2014.
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L’hôpital parisien est au centre d’un nouveau scandale : une équipe accusé d'avoir délibérément caviardé un rapport qui impliquait sa responsabilité dans la mort d’un patient. L’avocate de la famille s'en est confiée à RT France.

L'avocate de la famille d'un homme décédé à l'hôpital européen Georges Pompidou de Paris le 14 mai 2018, laissé plusieurs heures sans soins alors qu'il était en pleines convulsions, a déposé une plainte pénale contre l'établissement.

«Homicide involontaire», «non-assistance à personne en danger» et «faux et usage de faux» : l'hôpital est soupçonné de ne pas avoir porté secours au patient et d'avoir délibérément censuré un compte rendu d'hospitalisation afin de masquer ses responsabilités dans sa mort. 

L'avocate de la famille, Me Nadine Mélin, du cabinet TTLA, interviewée par RT France, s'étonne de tels procédés. «Le problème, c'est qu’il y a un faux pour cacher un défaut de prise en charge», révèle-t-elle.

Laurent (nom d'emprunt) avait été admis pour une opération d'os fracturés en avril 2018. Atteint en sus par une infection nosocomiale, il était traité par antibiotiques. Or, un mois après son opération, dès le 10 mai, l'homme se trouve mal, et commence à être pris de convulsions. L'équipe répond aux membres de la famille inquiets qu'il ne s'agit que de spasmes et pense à un problème d'hypoglycémie. Laissé seul vers 21h le 13 mai, après le départ de ses proches, Laurent continue à souffrir de convulsions. Il ne sera admis qu'après 4h du matin le 11 mai en réanimation, où il décédera trois jours plus tard. La famille sera alors avertie par l'hôpital que Laurent est mort d'une crise cardiaque, occasionnée par un étouffement dû à des aliments régurgités.

«Je suis un peu étonnée : les conditions du décès sont totalement obscures et la ligne de défense de l’hôpital ne l’est pas moins. Ils ont semblé dire au début, dans un communiqué de presse, qu’ils allaient mener une enquête interne, mais elle ne fait que conforter leur position», explique l'avocate.

Un courrier anonyme faisant état d'une  falsification de l'hôpital

L'autopsie, demandée par les frères et sœurs de la victime, n'a pas été réalisée, probablement pour des questions d'ayant-droits, celle-ci devant être demandée par les enfants ou la conjointe. La plainte mentionne que l'hôpital semblait s'y être opposé à cause du motif de la mort : la crise cardiaque. La famille, en deuil, ne comprend pas pourquoi leur proche, entré à l'hôpital pour une intervention sur des os fracturés, soit subitement décédé d'un arrêt cardiaque. A leur demande, le dossier médical de leur proche leur est communiqué cinq mois plus tard. Ils y découvrent un compte rendu d'hospitalisation irréprochable, daté du 23 mai, avec une suspicion d’hypoglycémie à 4h du matin, et la prise en charge immédiate en réanimation.

Or, une main anonyme a posté un autre courrier : un compte rendu d’hospitalisation daté du 22 mai, faisant état des carences de certains soignants, qui auraient été soigneusement dissimulées à la famille.

Il y est noté que la suspicion d'hypoglycémie était intervenue avant 22h mais à cet instant l'équipe de réanimation «débordée», aurait expliqué selon ce courrier qu'elle ne pouvait pas répondre à la demande. L’interne d’anesthésie aurait alors demandé des précisions sur le patient, mais les informations n'auraient pas été transmises. A 4h, un problème est bien noté dans ce document. Il ne s’agit pas de signes d'hypoglycémie comme noté dans le dossier envoyé à la famille, mais bien de convulsions. 

«La famille essayait d’alerter depuis la veille sur des convulsions, et rien n'a été fait. Ses membres ont toutefois commencé à faire leur deuil, mais l’envoi de ce compte-rendu anonyme les a bouleversés. Je ne tire pas de conclusions, mais il faut savoir qu'il existe deux rapports, sachant que le compte rendu envoyé par un anonyme laisse apparaître un gros problème de prise en charge», dénonce l'avocate. 

Après cette découverte, l'AP-HP (l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris) a rendu les conclusions d'une enquête interne. Il exonère totalement le personnel de Georges Pompidou et valide les conditions de la prise en charge. Il entre ainsi en contradiction avec le rapport anonyme et les observations de la famille. L'enquête affirme ainsi qu'«il n’y a pas eu de délai et de défaut de prise en charge», simplement une erreur de retranscription d'horaire de prise en charge, qu'elle réévalue à 2h30 et non 4h. Par ailleurs, l'hôpital explique que les effectifs étaient «conformes au planning», alors que le compte-rendu envoyé par courrier anonyme mentionnait lui le terme «débordée».

Néanmoins, les membres de l'équipe de réanimation, contactés par Mediapart, ont nié avoir été interrogés pour une quelconque enquête.

Un hôpital controversé

Cette plainte n'est pas le premier scandale soulevé par cet hôpital. En 2014, sept médecins ont porté plainte contre la constitution d'un fichier illégal envoyé par l'ancienne directrice de Georges-Pompidou, Anne Costa, au président de la Commission médicale d'établissement locale et au doyen de la faculté de médecine. Il répertoriait le nombre et la durée des opérations de chirurgies en 2012 et 2013 à l'hôpital, en notant les activités qui lui semblaient «faiblardes». Or la constitution d'un tel fichier de données personnelles est illégale. 

En décembre 2015, un professeur cardiologue, qui s'était plaint de harcèlement, de maltraitances et de vexations de sa hiérarchie, avait mis fin à ses jours en sautant de la fenêtre de son bureau. 

En janvier 2017, un patient traumatisé crânien a échappé à la vigilance des équipes et a été retrouvé mort dans les sous-sols de l'hôpital.

En février de la même année, un infirmier s'est défenestré.

Si le parquet donne suite à cette nouvelle plainte, la série noire ne serait toujours pas terminée pour l'hôpital.  

Lire aussi : Grève symbolique de cinq minutes dans les services d'urgence des hôpitaux publics partout en France

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