Le Sénat adopte le controversé projet de loi Blanquer modifié
Malgré l'opposition d'une importante partie du corps enseignant, le Sénat a adopté ce 21 mai le projet de loi Blanquer. La droite, majoritaire, a réussi à introduire plusieurs dispositions pourtant loin de faire l'unanimité.
Ce 21 mai, le Sénat à majorité de droite a adopté (213 voix contre 95) en première lecture, le projet de loi «pour une école de la confiance», porté par le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer. Le texte prévoit, entre autre, l'abaissement à trois ans, dès la rentrée prochaine, de l'âge de l'instruction obligatoire. Le Sénat a fait néanmoins disparaître une des mesures controversées qui ouvrait la voie à la fusion entre collèges et écoles primaires au sein d'un nouveau type d'établissement «des savoirs fondamentaux».
Pour autant, d'autres dispositions, loin de faire l'unanimité au sein de la classe politique, ont été ajoutées par la droite comme la retenue sur les allocations familiales pour lutter contre l'absentéisme ou encore l'interdiction des signes religieux ostentatoires pour les parents accompagnateurs lors des sorties scolaires. Les parlementaires vont devoir désormais s'accorder sur une version commune, dans l'optique d'une adoption définitive de la loi.
Des dispositions qui fâchent
Parmi les points qui suscitent l'inquiétude des enseignants figure l'article premier. Le devoir d'exemplarité et de neutralité du professeur y est rappelé et consacré. Au Sénat, le 15 mai, la sénatrice communiste (PCF) de Seine-Maritime Céline Brulin avait estimé que cet article visait à «encadrer la liberté d’expression des personnels [qui] constatent des pressions hiérarchiques, des phénomènes que nous n’avons pas connus par le passé».
D'autres points sont également contestés comme l'article 14, accusé de précariser davantage le métier avec le recours à des surveillants (assistants d'éducation) pour pallier le manque d'enseignants titulaires. «C'est une loi qui va une fois de plus casser l'éducation nationale», s'insurgeait un manifestant le 14 mai.
Une enseignante en école maternelle, interviewée par RT France, constate «des gens qui arrivent par Pôle emploi ou par agences d'intérim». Elle prend l'exemple, dans son établissement, d'un professeur au contrat court d'une durée d'une année, ne bénéficiant pas du même salaire et des mêmes droits, ne sachant toujours pas s'il sera reconduit la saison prochaine. Or, l'article 14 confirmerait, selon les principaux syndicats, le recours de plus en plus massifs aux contrats précaires. L'article, selon le ministère de l'Education nationale ambitionnerait plutôt de «diversifier socialement le recrutement» des professeurs et de «susciter de nouvelles vocations».
Le 8 avril, dans une lettre aux airs d'ultimatum adressée au ministre de l'Education nationale, les professeurs avaient menacé de grèves, ou de «boycott» des examens nationaux (en envisageant notamment d'accorder «la note maximale à toutes les copies»), dans le cas où les réformes litigieuses seraient maintenues.
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