Enseignement de la bataille de Verdun au lycée : Blanquer essaie de désamorcer la polémique
Une partie de la classe politique s'est vivement indignée de la suppression des programmes d'enseignement de la bataille de Verdun au lycée évoquée dans un article de L'Est républicain. Jean-Michel Blanquer a démenti l'information.
«Juste impensable», s’indignait encore l'ancienne ministre présidente Les Républicains (LR) du Grand Reims Catherine Vautrin, ce 24 mars, alors même que le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, avait déjà démenti l'idée selon laquelle la bataille de Verdun ne serait plus enseignée au lycéens.
Le cycle mémoriel de 1914-1918 à peine achevé et l’on apprend que la bataille de Verdun va être retirée des programmes scolaires ! Juste impensable #memoire#respect#grandeguerre
— Catherine Vautrin (@CaVautrin) March 24, 2019
Cette réaction est la dernière en date d'une longue liste de prises de parole de personnalités politiques scandalisées par une affirmation extraite d'un article de l'Est républicain selon laquelle la bataille de Verdun «sera balayée des nouveaux programmes officiels de lycée annoncés pour la rentrée de septembre 2019», remplacée par «la plus internationale» bataille de la Somme.
Un «irrespect pour nos poilus», estime Nadine Morano, un «scandale» de trop pour Marine Le Pen, «un choix qui offense la mémoire des poilus» pour Valérie Pécresse... De nombreuses figures de l'opposition de droite à Emmanuel Macron sont montées au créneau, chacun y allant de sa formule pour critiquer la décision de supprimer de l'enseignement une bataille dont l'entretien de la mémoire, sur fond de polémique identitaire, a déjà déchaîné les passions par le passé.
Une pétition en ligne, lancée le 23 mars, pour le maintien de la bataille de Verdun dans les programmes scolaires, a recueilli plus de 4 000 signatures avant sa clôture à la suite du démenti apporté par le ministre de l'Education nationale.
Jean-Michel Blanquer dément
«La bataille de [Verdun] sera évidemment étudiée en 1ère », a encore tweeté le ministre ce 24 mars pour tuer dans l’œuf une polémique d'envergure nationale annoncée.
La bataille de #Verdun sera évidemment étudiée en 1ère.
— Jean-Michel Blanquer (@jmblanquer) March 24, 2019
Elle n’était pas dans les précédents programmes. Les nouveaux sont plus détaillés et chronologiques. Avec une partie sur la guerre de position.
Verdun, déjà étudié en 3ème, est indissociable de la bataille de la Somme.
La bataille, «n’était pas dans les précédents programmes. Les nouveaux sont plus détaillés et chronologiques», explique par ailleurs le ministre, précisant que Verdun figurait au programme de 3e.
Même information relayée par le syndicat FSU, qui a lui aussi rappelé que Verdun figurait au programme des collèges.
Le @SNESFSU plaide pour une conception des programmes qui sache sortir de la répétition, qui soit construite dans la continuité tout le long du second degré. #Verdun est au programme au collège !https://t.co/0b0Oav2MVx
— Histoire-Géo SnesFSU (@HGSnesFSU) 24 mars 2019
De fait, Verdun, victoire quasi exclusivement française contre l'Allemagne, ne figure pas, contrairement à d'autres batailles célèbres comme la Somme ou la défaite franco-britannique des Dardanelles parmi les points clés de ce programme. La bataille de Verdun serait tout de même évoquée lors de ces cours par les enseignants comme l'a expliqué un professeur sur Twitter. Ces points clés n'occultent en effet pas d'autres passages de l'histoire qui peuvent être enseignés.
Encore une polémique sur les programmes scolaires d’#histoire : une bêtise de dire que #Verdun sortirait des programmes. Verdun n’est pas mentionné dans les « points de passage » obligatoires mais Verdun continuera d’être enseigné ➡️ il faut faire confiance aux profs !!! pic.twitter.com/watctaOckr
— Défendin Détard (@DefendinDetard) 24 mars 2019
«Monsieur le Ministre, de qui vous moquez vous ?», a réagi le maire de Verdun et professeur d'Histoire, Samuel Hazard, à l'origine de la polémique et peu convaincu, semble-t-il, par les différentes explications sur l'absence de mention de la bataille dans le programme.
«On se réfugie aujourd’hui sur la liberté pédagogique de l’enseignant ! Sauve qui peut fuyons !», a-t-il par ailleurs écrit sur Facebook.
Plus tôt dans la journée, l'édile publiait une lettre ouverte à Emmanuel Macron pour lui demander de ne ne pas laisser le Conseil supérieur des programmes de l’Education nationale infliger de «deuxième mort du poilu». «Des enfants de chaque commune de France se sont sacrifiés sur cette terre devenue terre martyre, terre sacrée», y écrivait-il encore.
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