Castaner en discothèque avec une «jolie jeune femme» ? «Faute professionnelle» pour des policiers
L'écart de trop pour Christophe Castaner ? Si l'entourage d'Edouard Philippe a exprimé son soutien au ministre de l'Intérieur, des membres des forces de l'ordre estiment que le «premier flic de France» a commis une «faute professionnelle».
Christophe Castaner a fait une sortie particulièrement remarquée au club le Noto (VIIIe arrondissement de Paris) dans la nuit du 9 mars, juste après l'acte 17de la mobilisation des Gilets jaunes. Sur des photographies et une vidéo postée sur les réseaux sociaux, on voit le ministre de l'Intérieur danser de manière suggestive avec une femme et s'amuser alors qu'une musique dansante retentit.
Mesdames et messieurs : le Ministre de l'Intérieur.
— Lucas (@lucas2320) 14 mars 2019
😅😂🤣#Castaner#Notopic.twitter.com/ClFwM1u55S
Dans une autre vidéo postée par le magazine Voici sur Twitter, un homme, que le journal présente comme Christophe Castaner – marié depuis 25 ans avec la mère de ses deux filles – embrasse une femme sur la bouche : «La vidéo du baiser entre Christophe Castaner et une jolie jeune femme !», lit-on en commentaire.
EXCLU VOICI - La vidéo du baiser entre Christophe #Castaner et une jolie jeune femme ! pic.twitter.com/dJ4AupQS7Q
— Voici (@voici) 15 mars 2019
Après la publication de ces images, le ministre s'est défendu auprès du journal Le Parisien : «Il s’agit de ma vie privée et de ma famille, qui peut être respectée. J’ai rejoint une soirée, dans un cadre totalement privé, entre 23h30 et deux heures du matin.» L'entourage du Premier ministre a renchéri le 14 mars au soir : «Aucun commentaire sur la vie privée et totale confiance dans l’action du ministre.»
A une autre époque ou dans un autre pays, le lendemain d'une diffusion pareille, le ministre présenterait sa démission
Syndicats et associations de police sont cependant montés au créneau pour dénoncer une faute : «C’est une faute professionnelle quand vous êtes premier flic de France», s'est ainsi indigné un «responsable policier» cité par Le Parisien. Le journal cite également un syndicaliste anonyme qui a confié : «C’est une vraie connerie. Difficile d’être crédible et audible après.»
Interrogé par RT France, Jean-Pierre Colombies, porte-parole de l'Union des policiers nationaux indépendants (UPNI) fulmine : «On n'avait pas besoin de cette image en ce moment. Ce n'est vraiment pas le bon timing... Le soir-même d'une nouvelle mobilisation populaire de Gilets jaunes, alors qu'on compte les blessés tous les week-ends et que les policiers sont encore arme au pied dans la rue... L'image renvoyée est inappropriée. A une autre époque ou dans un autre pays, le lendemain d'une diffusion pareille, le ministre présenterait sa démission. Quand on est ministre d'Etat, on ne s'appartient pas.»
Lui qui demandait aux Gilets jaunes d'imaginer l'image qu'ils renvoyaient de la France [...] j'ai envie de demander : et lui alors ?
Le policier en retraite ne décolère pas : «Nous étions dans la rue le soir du 12 mars avec d'autres associations pour dénoncer le silence autour du phénomène des suicides dans les forces de l'ordre, seulement quelques jours après la sortie de Castaner. Il le savait, puisque nous avons sollicité une rencontre avec lui à ce sujet. Alors je ne vais pas faire la morale, mais vu le contexte, ça tombe vraiment mal. Le peuple est en colère, les forces de l'ordre se suicident, mais le ministre, lui, fait la fête. Il a le droit de faire la fête, bien sûr, mais à s'afficher de la sorte dans un lieu public, dans un moment aussi tendu, il donne l'impression de quelqu'un que la réalité n'atteint pas, comme s'il vivait sur une autre planète.»
Et d'ajouter, amer : «Lui qui demandait l'autre jour aux Gilets jaunes d'imaginer l'image qu'ils renvoyaient de la France, lui qui demande tant aux forces de l'ordre mobilisées tous les week-ends, j'ai envie de demander : et lui alors ? Les policiers, ils ne sont pas en boîte en ce moment, ils sont sur le terrain ! C'est pitoyable cette situation. La puissance doit impliquer de la décence. J'en ai parlé avec des collègues de terrain, ils ne comprennent pas, ils sont outrés et ils se demandent quelles répercussions cela pourra bien avoir lors de l'acte 18 des Gilets jaunes ce samedi [16 mars].»
Antoine Boitel