#DeclareTaManif : les internautes tournent en dérision le motif de l'arrestation de Drouet
Le motif invoqué par les autorités pour interpeller Eric Drouet – organisation d'une manifestation sans déclaration préalable – a été tourné en ridicule sur Twitter, où les internautes ont rivalisé d'imagination pour en démontrer l'absurdité.
Pour justifier l'interpellation et la garde à vue du Gilets jaune Eric Drouet le soir du 2 janvier, lors d'un rassemblement visant à rendre hommage aux morts et aux blessés au cours de la mobilisation, les autorités ont fait valoir «l'organisation d'une manifestation sans déclaration préalable».
Cette justification est loin d'avoir convaincu sur les réseaux sociaux, nombre d'internautes la tournant en dérision, employant le hasthag #DeclareTaManif. «Il y a un groupe de vieux qui font de la pétanque dans le village [...] Ils sont sept. On déclare ou pas ?», s'interroge par exemple l'un d'eux sur un ton résolument ironique.
#DeclareTaManif
— Franck Noir 🏳️🌈 (@FranckNoir) 3 janvier 2019
Il y a un groupe de vieux qui font de la pétanque dans le village. Ils ont des casquettes et des pulls à carreaux.
Ils sont 7.
On déclare ou pas ?
Un autre renchérit, racontant avoir stoppé immédiatement son voisin «séditieux», qui comptait aller faire des courses sans en avoir informé les autorités.
Hophop v'la mon voisin qui me dit j'vais faire des courses en famille ... je l'ai stoppé direct !! il avait pas #DeclareTaManif ! quel séditieux naméoooo
— Benallix (@JCrottes) 3 janvier 2019
«Réunion autour de notre candidate aux européennes ce soir. Attention, on risque d'être une vingtaine de dangereux gauchistes !», lance encore un internaute.
Réunion autour de notre candidate aux européennes ce soir...
— LibEgalFrat ᵠ #MaintenantLePeuple (@UManLibEgalFrat) 3 janvier 2019
Attention, on risque d'être une vingtaine de dangereux gauchisssss#DeclareTaManif
«Je vais déjeuner place des fêtes. On est quatre», fait savoir un utilisateur de Twitter, soucieux de ne pas contrevenir aux règles.
#DeclareTaManif
— EspionBangor (@EspionBangor) 3 janvier 2019
Je vais dej place des fêtes
on est 4
Une dernière interpelle directement le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, pour lui faire part de son programme : «Je voudrais pas finir en garde à vue, alors que je veux juste refaire le monde autour d'un Bourgueil et d'un camembert.»
#Castaner, j'ai compris : Dimanche, je rejoins 10 potes à Paris, on va utiliser le domaine public du coup. Je suis #foulaineuse, j'avertis. Je voudrais pas finir en GAV, alors que je veux juste refaire le monde autour d'un Bourgueil et d'un camembert. #DéclareTaManifpic.twitter.com/P9kRXQkIzn
— Audrey (@Spicy_Word) 2 janvier 2019
Amnesty : «L'absence de notification aux autorités de la tenue d'une manifestation ne rend pas celle-ci illégale»
Comme le rappelait Amnesty International en mai dernier, dans une publication reprise ce 3 janvier par des responsables de La France insoumise (LFI) notamment, le droit de manifester est garanti par la Déclaration universelle des droits de l’Homme dans son article 20 : «Toute personne a droit à la liberté de réunion et d'association pacifiques.» Ce droit est compété en France par un système de déclaration préalable, visant à en faciliter l’exercice en permettant aux autorités de prendre des mesures pour garantir l’ordre public.
Toutefois, d'une manière générale, «l'absence de notification aux autorités de la tenue d'une manifestation ne rend pas celle-ci illégale et, par conséquent, ne doit pas être utilisée comme motif de dispersion de la manifestation», souligne Amnesty International. L'ONG insiste sur le fait que les organisateurs qui ne notifient pas la tenue d'une manifestation «ne doivent pas être soumis à des sanctions pénales ou administratives se soldant par des amendes ou des peines d'emprisonnement». Ce qui n'empêche pas Amnesty de préciser qu'en France, «les organisateurs peuvent être poursuivis sur cette base».