Tabassé pour avoir défendu un couple qui s'embrassait, Marin sera décoré de la Légion d'honneur
Près de deux ans et demi après l'agression brutale dont il a été victime à Lyon, Marin Sauvageon fait partie de la promotion 2019 de la Légion d'honneur. Il était resté deux semaines dans le coma, sans attention particulière des autorités.
La promotion du 1er janvier 2019 de la Légion d'honneur a distingué Marin Sauvageon, jeune étudiant brutalement tabassé en novembre 2016 à Lyon après s'être interposé contre des individus qui reprochaient à un couple de s'embrasser dans la rue. Le jeune homme a été nommé chevalier de l'ordre pour «services exceptionnels nettement caractérisés» dans cette promotion de 401 personnes dont font partie les 23 joueurs de l'équipe de France championne du monde ou encore l'écrivain Michel Houellebecq.
Son acte héroïque nous avait bouleversés.
— Christophe Castaner (@CCastaner) 1 janvier 2019
Son attaque odieuse nous avait indignés.
Le jeune Marin a été nommé ce matin chevalier de la Légion d'honneur par @EmmanuelMacron.
Hommage de la Nation tout entière à l'un de ses enfants qui garda la tête haute face à la haine.
Ça représente une reconnaissance pour un geste républicain que Marin a eu. Et puis au-delà de la reconnaissance c'est un geste vers une société plus tolérante, celle que Marin défend
Après son agression, il avait passé deux semaines dans le coma et les pronostics médicaux n'étaient guère optimistes. Trois mois plus tard, sa famille avait lancé une pétition afin qu'il soit décoré : elle affiche ce 1er janvier plus de 84 000 signatures. Pour sa mère, qui s'est exprimée auprès de France Bleu, cette nouvelle est «une grande surprise». «Marin était stupéfait, il n'en revenait pas. Il est très, très honoré Marin. Ça représente une reconnaissance pour un geste républicain que Marin a eu. Et puis au-delà de la reconnaissance, c'est un geste vers une société plus tolérante, celle que Marin défend», a ainsi confié Audrey Sauvageon.
L'agression de Marin, un «accident» selon Wauquiez
Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a rendu hommage dans un tweet à celui «qui garda la tête haute face à la haine».
Son acte héroïque nous avait bouleversés.
— Christophe Castaner (@CCastaner) 1 janvier 2019
Son attaque odieuse nous avait indignés.
Le jeune Marin a été nommé ce matin chevalier de la Légion d'honneur par @EmmanuelMacron.
Hommage de la Nation tout entière à l'un de ses enfants qui garda la tête haute face à la haine.
Quelques hommes et femmes politiques se sont également félicités de cette décoration, au premier rang desquels Laurent Wauquiez, le président des Républicains, qui a qualifié la brutale agression d'«accident».
Heureux que Marin, exemple du courage le plus évident, soit distingué par la République. J’associe sa mère qui est un exemple et qui à la suite de son accident a lancé une association pour aider les victimes de traumatisme cranien - donner du sens à l’insensé. https://t.co/0iv4gKDitl
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 1 janvier 2019
Marin, le visage du courage
— Valérie Boyer (@valerieboyer13) 1 janvier 2019
Courage de s’être interposé au péril de sa vie
Courage de se reconstruire
Courage de Marin de sa Maman de sa famille de son entourage qui l’ont soutenu et continuent sans relâche pour sa vie d’apres,sa rééducation,sa victoire contre les lâches barbares https://t.co/DEFWOoIjvB
Merci à @EmmanuelMacron d’avoir nommé le jeune Marin chevalier de la Légion d’Honneur. J'avais demandé en vain cette distinction à @fhollande il y a près de deux ans. Pensées pour ce héros ordinaire et courageux, ainsi que pour ses proches qui se reconstruisent après ce drame. pic.twitter.com/YVtSFWI5Wi
— Eric Ciotti (@ECiotti) 2 janvier 2019
Jordan Bardella, porte-parole du Rassemblement national et candidat pressenti pour mener la liste de son parti aux élections européennes, a réagi à la qualification employée par Laurent Wauquiez. «Ma génération est celle qui peut mourir pour un regard de travers ou une cigarette dans cette société qui subit un véritable ensauvagement», a-t-il également commenté.
.@J_Bardella : "M. #Wauquiez a parlé "d'accident" à propos de ce qui est arrivé à ce jeune #Marin, agressé et laissé pour mort... Ma génération est celle qui peut mourir pour un regard de travers ou une cigarette dans cette société qui subit un véritable ensauvagement." #GGRMC
— Rassemblement National (@RNational_off) 2 janvier 2019
Marin Sauvageon se bat depuis deux ans pour pouvoir marcher et reparler normalement. Après son violent traumatisme crânien, il partageait ses progrès dans le cadre de sa rééducation.
En mai 2018, son agresseur a été condamné à sept ans et demi de prison par la cour d'assises des mineurs de Lyon. Agé de 17 ans à l'époque, il encourait une peine maximale de 15 ans de réclusion, mais les jurés, contre l'avis de l'avocat général, ont retenu l'excuse de minorité. Contrairement à ce que de nombreux médias avaient relaté avant le procès, le couple défendu par le récipiendaire de la Légion d'honneur était hétérosexuel.
De nombreux responsables à la droite de l'échiquier politique avaient apporté leur soutien à Marin Sauvageon au moment de son agression, s'étonnant que les autorités de l'époque n'aient pas eu un mot pour le jeune homme. Une accusation ravivée par l'affaire Théo : quelques mois plus tard, le président de la République, François Hollande, s'était en effet dépêché d'accourir au chevet du jeune de cité d'Aulnay-sous-Bois, victime d'une agression présumée des forces de l'ordre. Les expertises médicales ainsi que les images de son interpellation ont finalement démontré que l'homme, qui est revenu sur son témoignage initial, n'avait pas été victime d'un viol de la part des policiers.
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