Passeports de Benalla : une députée LREM dénonce une «faute» de l'Elysée, LR veut une enquête
Après que Mediapart a révélé qu'Alexandre Benalla continuait à voyager en Israël et dans plusieurs pays africains avec un passeport diplomatique, les critiques politiques se multiplient... et gagnent même les rangs de la majorité présidentielle.
C'est un fait assez rare pour être souligné : une députée La République en marche (LREM) a directement mis en cause l'Elysée ce 28 décembre, après la révélation la veille par le journal en ligne Mediapart de ce qui apparaît comme un nouveau rebondissement dans l'affaire Benalla, en l'occurrence la possession par l'ancien garde du corps d'Emmanuel Macron d'un passeport diplomatique.
La députée de la majorité Cendra Motin a en effet commenté cette nouvelle information en la qualifiant de «faute» et en dénonçant un «dysfonctionnement» des services de l'Élysée. «Il y a une faute des services de l'Élysée [...], il y a un dysfonctionnement grave», a-t-elle déclaré sur Franceinfo, car il n'est selon elle «pas normal que deux passeports diplomatiques ne soient pas trouvables».
«Cette remise en question de l'Élysée, qui est en cours depuis plusieurs mois, est importante», a ajouté la députée de l'Isère. «Une action plus forte aurait été nécessaire», juge-t-elle, avant d'ajouter : «il faut renforcer la procédure.»
Un autre député LREM, Bruno Questel, s'est montré plus mesuré, tout en estimant qu'il fallait selon lui «une enquête administrative du ministère des Affaires étrangères». «Je crois que monsieur Benalla, qui n'a pas 30 ans, a touché la lumière ou le ciel [...]. Il a connu les sommets de l'État et je pense qu'il est en train de se brûler tout simplement», a-t-il ajouté.
Les Républicains demandent que la justice soit saisie
Dans le même temps, Gilles Platret, porte-parole des Républicains (LR), a demandé que la justice soit saisie des rebondissements de l'affaire Benalla qui sont, selon lui, «la continuation de l'opacité» dont Emmanuel Macron aurait «entouré certaines pratiques». «Il y a des faits qui peuvent être assimilés à des faits délictueux, c'est pourquoi nous souhaitons que la justice s'en empare», a-t-il affirmé sur l'antenne de RTL.
«On ne peut pas avoir un pouvoir à l'Élysée qui cache des choses, qui organise des polices privées pour la protection du président de la République et qui aujourd'hui donne l'impression – je suis prudent dans mes affirmations – qu'il n'a pas coupé les liens avec quelqu'un qui a travaillé pour lui dans la proximité et qui, comme par hasard, se retrouve sur les chemins du président de la République quelques jours avant qu'il n'y viennent lui-même», a conclu l'élu LR.
On ne peut pas avoir un pouvoir à l'Élysée qui cache des choses
Du côté du Parti socialiste (PS), on déplore la possibilité que l'affaire Benalla ne devienne «danger pour la République». Sur Europe 1, le premier secrétaire du PS Olivier Faure a évoqué l'implication d'Alexandre Benalla «dans des affaires de ventes d'armes un peu partout dans le monde», s'inquiétant de voir que «le pouvoir a cherché à relativiser l'importance de l'affaire». «C'est profondément inquiétant, soit sur l'amateurisme de cette présidence, soit sur le double langage qu'elle continue d'avoir», a-t-il ajouté.
Selon un article de Mediapart publié le 27 décembre, Alexandre Benalla continuerait de voyager avec un passeport diplomatique renouvelé le 24 mai, après sa mise à pied liée aux violences du 1er mai. Ce passeport a été «utilisé ces dernières semaines pour entrer dans différents pays africains ainsi qu'en Israël», selon le média en ligne qui cite «des sources sécuritaires».
Contacté par Mediapart, un ancien membre des cabinets ministériels s'étonnait de la détention par Alexandre Benalla d'un passeport diplomatique, jugée exceptionnelle, y compris pour un conseiller de l'Elysée : «Quand vous voyagez officiellement avec le président, vous n’avez même pas besoin de passeport diplomatique. On vérifie juste que vous êtes sur la liste de la délégation et vous échappez aux contrôles à l’arrivée.»
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